
Carole Blumenfeld, commissaire de l’exposition Parfums d’Interdit ©YesICannes.com
Parfums d’Interdit, la nouvelle exposition estivale du Musée Fragonard à Grasse, dévoile avec élégance la face cachée d’un certain art de vivre du XVIII et XIXème siècle, délicat et charmant: interdits, messages cachés, audaces, dessous anciens… sont dévoilés aux regards des visiteurs.
Cet été, Carole Blumenfeld, commissaire de l’exposition Parfums d’Interdit, spécialiste de la peinture de genre et du portrait de la fin du XVIIIe siècle au début du 19ème, nous fait découvrir dans l’exposition Parfums d’Interdit les portraits intimistes, les scènes galantes ou des images de la vie familiale, peints par les deux plus grands peintres grassois du XVIII siècle, Jean-Honoré Fragonard et Marguerite Gérard. Cette exposition est complétée de deux autres expositions simultanées: Secret de Silhouette et El Archivo de la Memoria.

Boilly – L’Amant jaloux ©DR
Un musée dédié au plus célèbre des enfants de Grasse
Le Musée Fragonard, situé dans l’Hôtel de Villeneuve, est un magnifique bâtiment historique restauré dans l’esprit des grandes demeures grassoises du XVIIIe siècle. Dédié au plus célèbre enfant de la ville de Grasse, le peintre Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), ce musée abrite une quinzaine d’œuvres majeures de l’artiste. Il comprend également une collection de peintures de deux autres artistes grassois, Marguerite Gérard (1761-1837) et Jean-Baptiste Mallet (1759-1835). Cet ensemble constitue la deuxième collection française d’œuvres de Jean-Honoré Fragonard après celle du Louvre et la première concernant les deux autres artistes.

©DR
Des interdits qui coûteront la vie aux libertins
Pour cette importante exposition Parfums d’Interdit, le Musée Fragonard a réuni une quarantaine de tableaux réalisés par les deux plus grands célèbres peintres grassois du XVIII siècle: Jean-Honoré Fragonard et Marguerite Gérard. Le musée propose au public de découvrir, sous le pinceau de ces deux immenses artistes, le sens caché des scènes picturales montrant une jeune femme se prélassant avec un de ces livres qu’on ne lit que d’une main ou plongée dans de douces rêveries après le passage furtif d’un galant, dont la présence se devine a la cape laissée négligemment sur un pliant…

Shall – L’Amour
Nombreux codes cachés
En s’immisçant dans ces huit clos féminins, le visiteur comprendra vite combien la présence d’un roman, d’une quenouille ou de deux clefs enlacés pouvait être suggestives sous le pinceau de Poilly ou de Marguerite Gérard. Pourtant, le tableau montrant un jeune homme offrant une rose à une demoiselle, au centre d’un décor bucolique, montre un geste délicat, alors qu’à cette époque, à la veille de la Révolution, ces scènes d’apparence innocente dévoilent de nombreux codes cachés, parfois même, dans des scènes plus cocasses, empruntées au théâtre ou à l’opéra comique et qui coûteront la vie à un grand nombre de libertins.

Trinquesse – Jeune Femme ©DR
Deux tableaux inédit au Musée Fragonard
Deux nouveaux tableaux de Jean-Honoré Fragonard sont venus récemment enrichir la collection du musée avec le Portrait d’Enfant, une œuvre inédite et L’Oiseau Chéri, récemment réapparu. En avril 2018, le musée a également acquis deux compositions de Marguerite Gérard: le Portrait de François Yves Roubaud, le député grassois qui s’illustra à l’Assemblée Nationale Législative et à la Convention Nationale, et L’Inspiration, l’un des derniers tableaux peints par l’artiste qui se mesure à son neveu, Alexandre Evariste Fragonard.

©YesICannes.com
Images galantes et échange charnel
A la fin des années 1760, Diderot avait critiqué chez Boucher, Fragonard ou Baudouin, les “petits tableaux aux petites idées, compositions frivoles propres au boudoir d’une petite maîtresse, à la petite maison d’un petit maître, faits pour de petits abbés, de petits robins, de gros financiers ou autres personnages sans mœurs et d’un petit goût”. Loin des compositions légères et très suggestives, les peintres de genre de la génération de Marguerite Gérard et Louis Léopold Bailly consacrent à partir des années 1780 tout un pan de leur production à des images galantes qui ne montrent jamais ouvertement un échange charnel, mais encourage plutôt le sourire complice du double-entendre du spectateur, comme dans la peinture hollandaise du siècle d’or dont ils maniaient les codes avec brio.

Jean-Honoré Fragonard ©DR
Jean-Honoré Fragonard
Né à Grasse en 1732, Jean-Honoré Fragonard est le fils d’un garçon gantier. Son goût pour la peinture apparaît très tôt et il commence par travailler avec Jean Siméon Chardin (1699-1779), peintre majeur de natures mortes et scènes de genre. A quatorze ans, il rejoint l’atelier de François Boucher (1703-1770). Ces deux grands artistes lui permettront d’atteindre très rapidement une exceptionnelle maîtrise technique. Après un périple par les villes italiennes de Florence, Bologne et Venise, il rejoint Paris. Mais Fragonard ne cherche pas, comme Boucher, à mener une carrière officielle: il se consacre délibérément à une clientèle d’amateurs d’art.

Margeurite Gérard – Peintre peignant un portrait de joueuse de luth ©DR
Marguerite Gérard
Marguerite Gérard est née en 1761 à Grasse. Entrée à l’âge de 14 ans en apprentissage chez Jean-Honoré Fragonard, elle signe ses premières estampes l’année suivante. Elle se fait ensuite connaitre en 1787 en peignant une série de petits portrait représentant les personnalités les plus en vue de la scène artistique et intellectuelle de Paris. L’artiste peintre parvenait à saisir la physionomie et l’expression de ses personnages et aussi quelques gestes très personnels, malgré la pose. Plus que tout autre, elle sait combien la peinture du genre pouvait jouer un rôle dans les débats sur la place de la femme.

Secret de Silhouette ©YesICannes.com
Exposition Secret de silhouette
L’exposition Secret de Silhouette au Musée Provençal du Costume et du Bijou, proche du Musée Fragonard, provenant de la Fondation Alexandre Vassiliev et de collections privées, complète l’exposition Parfums d’Interdit en montrant aux visiteurs les dessous cachés des élégantes au XVIIIème siècle. Eva Lorenzini et Clément Trouche, commissaires de cette exposition, déshabillent les femmes pour mieux comprendre leurs histoires. Présentée de façon chronologique, du XVIII au début du XXème siècle, l’exposition offre une immersion dans l’intimité des femmes provençales, qu’elles soient bastidanes, villageoises, artisanes ou bourgeoises. La scénographie met en valeur quelques pièces rares mais aussi paniers, crinolines, corsets, cages, queues d’écrevisses, faux-cul, chemises de corps, robes de chambre, bas jarretière, jupons piqués, boutissés, de mariage ou du quotidien.

Juan Manuel Castro Prieto ©YesICannes.com
Exposition El Archivo de la Memoria
Depuis les années 2000, le photographe Juan Manuel Castro Prieto déambule dans les galeries des plus grands musées, muni de sa chambre photographique pour réaliser des prises de vues d’œuvres appartenant à notre patrimoine culturel. Exposé pour la première fois dans un musée français, le projet photographique El Archivo de la Memoria est une réflexion patrimoniale, mais également une observation sur le langage artistique de l’enregistrement photographique d’une œuvre picturale.
En reprenant les peintures d’icônes figées depuis des siècles, l’artiste espagnol en tire des portraits vivants. Attiré par un point particulier, l’artiste transforme le tableau en rendant flou les parties pour nous transporter dans sa vision très personnelle de l’art. Pour cette exposition, l’artiste a enrichi son projet en dévoilant trois nouvelles photographies inédites.

Boilly- Le Réveil prémédité ©DR
Exposition Parfums d’Interdit
Du 25 mai au 23 septembre 2018
Ouvert 7j/7j de 10h00 à 18h00
Visite et entrée libres
Musée Fragonard
Hôtel de Villeneuve
14, rue Jean Ossola
06130 Grasse
Tél: 33 (0)4 93 36 02 07
Parfums d’Interdit au Musée Fragonard en images
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