Palmarès du 70ème Festival de Cannes

70eme festival de cannes palmares
Cérémonie du Palmarès 2017© Alberto Pizzoli / AFP

Présidé par le réalisateur espagnol Pedro Almodóvar, le Jury du 70ème Festival de Cannes a dévoilé les noms des lauréats lors de la Cérémonie du Palmarès le Dimanche 28 mai 2017.

Après une Montée des Marches toujours aussi glamour, la Maîtresse de Cérémonie Monica Bellucci a accueilli sur la scène du Grand Théâtre Lumière du Palais des Festivals de Cannes les lauréats. Pedro Almodóvar et l’actrice française Juliette Binoche ont eu l’honneur de remettre la Palme d’or à Ruben Östlund pour son film The Square sélectionné comme le meilleur des dix-neuf films en Compétition.
A l’issue de la Cérémonie du Palmarès, The Square a été projeté à un parterre de stars et de personnalités du cinéma, de la mode et des arts pour clôturer cette 70e édition.

Nicole Kidman – The Beguiled ©YesICannes.com

Le Palmarès du 70ème Festival de Cannes

Longs métrages

Palme d’or
The Square de Ruben Östlund

Prix du 70e Anniversaire
Nicole Kidman qui est à l’affiche de Les Proies et La Mise à Mort du Cerf Sacré

Grand Prix
120 Battements par Minute de Robin Campillo

Prix de la Mise en Scène
Sofia Coppola pour The Beguiled (Les Proies)

Diane Kruger – In The Fade ©YesICannes.com

Prix d’Interprétation Féminine
Diane Kruger dans Aus Dem Nichts (In The Fade) réalisé par Fatih Akin

Prix d’Interprétation Masculine
Joaquin Phoenix dans You Were never Really Here réalisé par Lynne Ramsay

Prix Du Jury
Nelyubov d’Andrey Zvyagintsev

Prix Du  Scénario Ex-aequo
Yorgos Lanthimos et Efthimis Filippou pour The Killing of a Sacred Deer (Mise à Mort du Cerf Sacré)
Lynne Ramsay pour You Were never Really Here

Courts Métrages
Palme d’or
Xiao Cheng Er Yue (Une douce nuit) par Yang Qiu

Mention Spéciale du Jury
Katto (Le Plafond) de Teppo Airaksinen

Caméra d’or
Jeune Femme de Léonor Serraille présenté à Un Certain Regard

Prix Vulcain de l’Artiste-Technicien: le jury de la CST a récompensé Josefin Asberg pour son apport artistique remarquable en cohérence avec l’inventivité du film The Square.

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Jury ©YesICannes.com

La Montée des Marches de la Cérémonie du Palmarès du 70ème Festival de Cannes

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D’Après Une Histoire Vraie Clôture le 70ème Festival de Cannes

Emmanuelle Seigner & Eva Green ©Carole Bethuel/Lionsgate

D’Après Une Histoire Vraie de Roman Polansky est un thriller intime entre deux femmes, une auteur et son admiratrice, qui s’opposent sur le processus de création de l’écrivain.

D’Après Une Histoire Vraie du célèbre maître réalisateur Roman Polansky oppose deux femmes, Delphine, écrivaine célèbre mais fragile à une « nègre littéraire » – Elle, comme dans Elle…isabeth – qui travaille dans l’ombre de célébrités et manifeste charme, force et intuition. Dans un moment de solitude et d’épuisement, Delphine accepte l’amitié d’Elle qui va prendre petit à petit les rênes de sa vie pour que l’auteur accouche enfin de son « livre caché ».

Eva Green, Roman Polansky & Emmanuelle Seigner ©YesICannes.com

Une nègre littéraire sans nom

Delphine (Emmanuelle Seigner) est un auteur célèbre mais épuisée par la promotion de son dernier roman à succès. Elle rencontre une jolie jeune femme séduisante (Eva Green) qui la captive par ses remarques intuitives et sa qualité d’écoute. La jeune femme est une nègre littéraire, biographe de célébrités, sans nom (comme le personnage de The Ghost Writer) sauf « Elle« . Delphine commence à recevoir des lettres anonymes critiquant la façon dont elle a utilisé sa famille dans son dernier livre. Elle emménage chez Delphine lorsque celle-ci se casse le genou alors que son compagnon François (Vincent Perez) est en déplacement aux États Unis, et lui offre son aide et son amitié.

Eva Green & Roman Polansky ©YesICannes.com

Drames terribles et suspects

Mais, telle une cannibale, Elle envahit la vie professionnelle et privée de Delphine pour qu’elle se consacre à écrire le roman intime, caché, sur son vécu. Sauf que Delphine souffre du syndrome de la page blanche!
L’intrigue se dévoile à un rythme lent mais implacablement tendu et le suspense monte autour des interrogations sur la véritable personnalité d’Elle et son imaginaire amie Kiki qui semble l’avoir consolée quand ses parents – surtout son père – « cassaient quelque chose en elle ». Consolée peut-être, mais vengée aussi par quelque incendie criminel…
Dans un thriller, il ne faut jamais se fier aux apparences… Alors qu’Elle voulait lui faire écrire un roman sur son vécu personnel, voilà que Delphine conçoit l’idée d’écrire un livre sur Elle, un vrai « personnage de roman » avec ses drames passés aussi terribles que suspects. Mais d’abord, il faut sortir de ses griffes!

Eva Green, Roman Polansky & Emmanuelle Seigner ©YesICannes.com

Fan puis d’amie vénéneuse

Dans son rôle de fan puis d’amie vénéneuse, Eva Green, la fille de l’actrice Marlène Jobert, fait pâlir par sa présence et son jeu incisif une Emmanuelle Seigner pas très convaincante en écrivain tourmentée par des lettres anonymes et son blocage devant l’écran blanc. Vincent Perez est plutôt effacé, peu « présent » à l’écran comme son personnage dans le film. Le scénario coécrit avec Olivier Assayas (Prix de la Mise en Scène au Festival de Cannes 2016 pour Personnal Shopper) est inspiré du roman de Delphine de Vigan. On ne peut s’empêcher de comparer D’Après Une Histoire Vraie à Misery de Rob Reiner, basé sur un roman de Stephen King. Et, bien que magnifiquement réalisé sur un mode traditionnel, on voit tout de suite qui souffre de la comparaison.

D’Après Une Histoire Vraie (Based on a True Story)
Un film de Roman Polansky
Couleur – 1h50 – Hors Compétition – Film de Clôture

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Emmanuelle Seigner & Roman Polansky ©YesICannes.com

La Montée des Marches de D’Après Une Histoire Vraie

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In The Fade, A la Poursuite de Nazis

Diane Kruger ©DR

In The Fade du réalisateur Fatih Akin met en scène une femme qui, après un attentat à la bombe, vivra la perte de sa famille et la vengeance en pourchassant un couple de nazis.

In The Fade (Aus dem Nichts) du réalisateur allemand d’origine turque Fatih Akin est un film à suspens porté par la formidable performance artistique de Diane Kruger incarnant une épouse et une mère ordinaire, une Allemande dont la vie bascule quand une bombe explose devant le bureau de son mari Kurde, tuant son mari et son fils. Les coupables présumés sont arrêtés: il s’agit d’un jeune couple de néo-nazis qui semblent avoir perpétré un crime raciste.

Katja & Rocco

Groupuscules nazis violents

Au travers du terrible destin de Katja (Diane Kruger), In The Fade évoque l’existence des groupuscules nazis violents et leur fonctionnement en réseau à travers l’Europe. Le mari de Katja, Nuri Sekerci (Numan Acar) périt avec son fils Rocco dans un attentat à la bombe dans le quartier turc de Hambourg. Katja a l’intuition que cet acte barbare a été commis par les nazis, car elle a aperçu la femme – une Allemande – qui a déposé la bombe, installée sur le porte-bagage d’un vélo. Pourtant, la police fouille d’abord le passé de Nuri, un ancien trafiquant de cannabis.

Katja & Nuri (Numan Acar) ©DR

Un thème cruellement d’actualité

Un couple de nazis est enfin arrêté grâce à la dénonciation du père du mari, qui a retrouvé dans son garage les éléments d’une bombe. La justice étant impuissance à rendre la justice qu’elle attend, la veuve refuse le verdict d’acquittement et va pourchasser les nazis en Grèce pour se venger. Elle le fera d’une manière tragique! Dans In the Shade, la caméra de Fatih Akin traite d’un thème cruellement d’actualité – d’ailleurs, la fabrication d’une bombe y est particulièrement détaillée… Le film s’articule autour de trois chapitres, Le Deuil, La Justice et La Mer. Le Deuil est tourné sous la pluie pour accentuer la dépression qui accable Katja. Dans le chapitre de la Justice, le suspens s’empêtre dans la salle du tribunal avec ses protagonistes – accusés, avocats, juges – toujours assis. Dans la Mer, la poursuite en Grèce et la vengeance se parent de très belles images de mer et nature.

©DR

Prix d’interprétation féminine

Hélas, les chapitres s’enchaînent plutôt mécaniquement, sans que le film n’explore la psychologie du couple meurtrier: la fille reste muette, le mari garde un visage de marbre. L’impact de l’attentat à la bombe sur la communauté Kurde – pourtant visée – n’est pas non plus évoqué, ce qui prive le film une dimension politique à la Costa-Gavras auquel il aurait pu prétendre.
En tous cas, l’extraordinaire prestation de la belle Allemande Diane Kruger devrait lui valoir le prix d’interprétation féminine!

Fatih Akin & Diane Kruger ©DR

Fatih Akin s’est distingué dans les trois plus grands festival du 7ème Art du monde: Ours d’or à Berlin pour Head On en 2004, Prix du Scénario au Festival de Cannes 2007 pour De l’autre Côté et sa comédie Soul Kitchen a remporté en 2009 le Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise.

In The Fade (Aus Dem Nichts)
Un film de Fatih Akin
Couleur – 1h46

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Diane Kruguer ©YesICannes.com

La Montée des Marches de L’Amant Double et de In The Fade en images

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Vers La Lumière de l’Etre Intérieur

Ayame Misaki & Masatoshi Nagase ©DR

Vers La Lumière de la réalisatrice japonaise Naomi Kawase décrit la quête toute en poésie de deux personnes sur un chemin de lumière vers la communion avec l’invisible.

La réalisatrice japonaise Naomi Kawase a présenté son film Vers la Lumière (Hikari), son sixième film en Compétition Officielle depuis sa Caméra d’or il y a vingt ans pour Suzaku. Si décrire une scène à une personne aveugle reste relativement facile, comment lui décrire une émotion? Misako est une audio-descriptrice peinant à transmettre avec grande précision les scènes d’un film qui doit se remettre en cause sous les critiques d’un photographe dont la vue se détériore rapidement. Un lien va se nouer entre la jeune femme qui cherche des descriptions lumineuse et le photographe désemparé de perdre la vue.

Ayame Misaki & Masatoshi Nagase ©DR

Un splendide coucher de soleil

Misako (Ayame Misaki) travaille dans la société White Light à un projet d’audiodescription. Elle est l’œil qui traduit les scène d’un film pour les aveugles et mal-voyants amateurs de cinéma. Misako teste ses descriptions qui se superposent à la bande son du film auprès de deux hommes et une femme et recueille leurs sentiments pour améliorer son œuvre. Masaya Nakamori (Masatoshi Nagase), un photographe célèbre qui participe au séances, porte des critiques particulièrement rudes et l’intrigue. Elle le rencontre, découvre ses photos et se passionne pour une photo en particulier, un splendide coucher de soleil, comme ceux après lesquels elle courait dans son enfance jusqu’au crépuscule. Misako demande à Nakamori à revivre ce coucher de soleil avec lui. Ce sera l’aube d’une relation amoureuse.

Ayame Misaki ©DR

La lumière comme une boussole

Pour Vers La Lumière, un film sur la recherche de la lumière extérieure puis intérieure, Naomi Kawase utilise en délicatesse la lumière comme une boussole: des lumières extérieures somptueuses, des contre-jour qui nimbent les personnages de clarté et la bande son souvent mélancolique d’Ibrahim Maalouf pour amener le spectateur dans le monde invisible de l’être intérieur. Être à deux, voir le monde par les yeux de l’autre, ouvre sur de nouveau territoires émotionnels à explorer en soi: trouver sa lumière intérieure, sentir l’action de l’invisible en soi, c’est ensuite rayonner vers les autres.
Bien sûr, bien sûr… Au final, Vers La Lumière est esthétique, métaphorique, mais c’est long, lent, languissant, ça manque de tempo, et, bien que les deux rôles principaux soient très bons, ils portent ensemble un film plutôt ennuyeux…

Naomi Kawase fut membre du jury du 66e Festival de Cannes, présidé par Steven Spielberg. Elle a présenté cinq longs-métrages en compétition à Cannes: Shara en 2003, La Forêt de Mogari (Grand Prix en 2007), Hanezu, l’Esprit des Montagnes en 2011, Still the Water (2014) et Les Délices de Tokyo (2015) à Un Certain Regard.

©DR

Vers La Lumière (Hikari)
Un film de Naomi Kawase
Couleur – 1h41

© Valery Hache/AFP

Soirée Anniversaire 70ème

Le 23 mai, une soiré Soirée Anniversaire a célébré la 70ème édition du Festival de Cannes. Sous la présidence d’Isabelle Huppert, la scène du Grand Théâtre Lumière s’est illuminé de souvenirs avec des projections de montages d’archives et d’extraits de films. Des intermèdes musicaux et interventions d’artistes a complété les festivités avant le dîner d’anniversaire qui a accueilli 113 célébrités et personnalités du cinéma venues pour l’occasion à Cannes, comprenant de nombreux artistes, des lauréats de la Palme d’or ou ayant marqué l’histoire du Festival. La photo souvenir sur scène réunissait, entre autres: Pedro Almodóvar, Andrea Arnold, Jane Campion, Alfonso Cuarón, Guillermo Del Toro, Matteo Garrone, Michael Haneke, Alejandro Iñárritu, Ken Loach, George Miller, Nicolas Winding Refn, Jia Zhangke, Claude Lelouch

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Nicole Kidman ©YesICannes.com

La Montée des Marches exceptionnelle de la Soirée Anniversaire du 70ème Festival de Cannes en images

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La Mise à Mort du Cerf Sacré, Thriller d’Horreur

Nicole Kidman & Colin Farrel ©Haut et Court

La Mise à Mort du Cerf Sacré, du réalisateur grec Yorgos Lanthimos, est un film passionnant mêlant la tension psychologique d’un thriller et l’épouvante d’un film d’horreur.

Avec La Mise à Mort du Cerf Sacré (The Killing of a Sacred Deer), le réalisateur grec Yorgos Lanthimos revient sur la Croisette avec un thriller passionnant qui tourne au film d’horreur. L’intrigue émerge peu à peu des images sophistiquées, traitées avec peu de lumière et d’une bande son angoissante qui frôle parfois l’exaspérant. La tension s’installe graduellement, accablant les personnages, pour culminer dans un impensable sacrifice familial.

Nicole Kidman ©Haut et Court

Des images très graphiques

Le film s’ouvre sur une image digne d’un symposium de cardiologie: une poitrine ouverte en pleine opération où bat un cœur nu, miracle de vie palpitante, au son d’une grandiose musique chorale. Le ton est donné!
Yorgos Lanthimos revient au Festival de Cannes en Sélection Officielle après la fable plutôt absurde et ténébreuse The Losbster, Prix du Jury en 2015. Cette fois, le film est plus accessible, bien qu’on mette du temps au début pour rentrer dans le film. Pourtant on reste fasciné par les images très graphiques et virtuoses, les lumières intérieures plutôt sombres, distillant une tension persistante. Une fois la vérité révélée sur les intentions de Martin qui apporte la tourmente dans la vie tranquille et aisée des Murphy, La Mise à Mort du Cerf Sacré prend une effrayante dimension…

Barry Keoghan ©Haut et Court

Une terrible malédiction

Steven (Colin Farrel) est un spécialiste en chirurgie cardiaque. Sa femme Anna (Nicole Kidman) dirige une clinique d’ophtalmologie. Ils vivent heureux avec leurs deux enfants Kim (Raffey Cassidy), 14 ans et Bob (Sunny Suljic), 12 ans. Steven rencontre souvent Martin (Barry Keoghan), un jeune garçon de 16 ans, le fils d’un patient décédé au cours d’une de ses nombreuses opérations.
Steven invite Martin à connaître sa maison et le jeune garçon va s’immiscer progressivement au sein de la famille, devenant de plus en plus intrusif. Lorsque Bob est soudainement frappé d’une paralysie dont les médecins ne réussissent pas à diagnostiquer la cause, Martin apprend à Steven la terrible malédiction qui frappe sa famille.

©Haut et Court

La Croisette ensorcelée?

L’histoire de La Mise à Mort du Cerf Sacré aurait pu être écrite par Stephen King: dans la vie des gens s’infiltre la terreur et l’horreur, dont les engrenages se meuvent lentement mais implacablement, entraînant les protagonistes impuissants vers un dénouement sinistre et inéluctable. Avec l’accord de sa famille, Steven est finalement forcé de faire un sacrifice odieux, sous peine de tout perdre.
Nicole Kidman, habituée des films complexes et déroutants, est géniale en femme qui comprend peu à peu le fatidique de la situation et son glacial dénouement, alors que son mari – avec sa barbe, l’excellent Colin Farel à l’air d’un bon nounours – semble dépassé par les événements.
Le jeune Barry Keoghan est une révélation du 70ème Festival de Cannes. Il réalise une performance dans son rôle de garçon mentalement perturbé et sorcier patenté qui empoisonne froidement le destin de la famille Murphy.

©Haut et Court

La Mise à Mort du Cerf Sacré
Un film de Yorgos Lanthimos
Couleur – 1h49.

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Nicole Kidman ©YesICannes.com

La Montée des Marches de La Mise à Mort du Cerf Sacré en images

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Colère et Tendresse à 120 Battements Par Minute

©DR

120 Battements Par Minute raconte la lutte des militants d’Act Up Paris contre l’indifférence et le silence qui condamnent à mort les malades et menacent les jeunes.

120 Battements Par Minute de Robin Campillo (Les Revenants, Eastern Boys) avec Adèle Haenel, Nahuel Perez Biscayart et Arnaud Valois, dépeint le combat quotidien des militants d’Act Up Paris contre la maladie, et surtout contre le silence et l’insouciance, synonymes de mort pour les malades et les jeunes gens découvrant la sexualité. Depuis les Réunions Hebdomadaires (RH) – avec leurs débats passionnés mais très démocratiques – aux actions « sanglantes », où l’écarlate du faux sang vient réveiller les consciences des pouvoirs publics et des laboratoires, le réalisateur nous entraîne dans une fresque réaliste et bouleversante de la communauté sida.

Sophie (Adèle Haenel) ©DR

Ravages chez les jeunes

Sous la présidence de Mitterrand, le SIDA s’est énormément propagé et l’épidémie a fait des ravages chez les jeunes sans que la société ne s’en émeuve vraiment, car la maladie touche principalement homosexuels et drogués. Au début des années 90, 120 Battements Par Minute suit avec jubilation le parcours de membres d’Act Up Paris dans ses actions chocs pour mobiliser une opinion publique léthargique, à une époque où les média sociaux n’existent pas. On retrouve Adèle Haenel, qui campait l’année dernière à Cannes un docteur engagée dans La Fille Inconnue des Frères Dardenne. Son personnage de militante fougueuse et forte est taillé sur mesure pour cette habituée du cinéma d’auteur.

Réunions Hebdomadaires ©DR

Activisme non-violent

Pour que les pouvoirs publics prennent conscience – en plein affaire du sang contaminé – de l’ampleur de l’épidémie de sida et de l’impératif à trouver d’urgence un traitement, les activistes multiplient les interventions non-violentes mais musclées: interruption de colloque de représentants de la santé, invasion – avec généreux épandage de faux sang – des locaux du laboratoire Melton-Pharm pour chercher les résultats de ses recherches, une troupe de pom-pom gays aux slogans provocateurs pendant la Gay Pride –  « Des molécules pour qu’on s’encule! » – ou encore des actions de prévention dans les lycées prônant des rapports protégés avec capote, arme ultime contre le rétrovirus. Le but étant de chercher la confrontation pour montrer son corps malade.

Nathan (Arnaud Valois) ©DR

L’ombre de la mort

Bien que des activistes ne soient pas séropositifs, la plupart les sont et beaucoup sont malades. Se sachant en sursis, ils jettent malgré tout leur dernières forces dans l’activisme d’Act Up, comme Sean (Nahuel Perez Biscayart) qui s’impatiente devant la réticence des laboratoires; Nathan (Arnaud Valois), son amant, l’accompagnera jusqu’au bout.
Les scènes sont tournées avec sobriété, avec des plans serrés, tout est en surface, mais cette surface est si limpide, la caméra si claire, que le spectateur voit en dessous tout un univers vivant, intime et bouillonnant, malgré la maladie et l’ombre de la mort.
Mêlant avec puissance colère et tendresse, 120 Battements Par Minute est indéniablement une réussite, le premier choc de la Sélection Officielle. A figurer au palmarès.

Robin Campillo a rejoint Act Up en avril 1992. « Dès ma première réunion, dit-il, j’ai été stupéfait par l’espèce de jubilation du groupe, alors que nous vivions les années les plus dures de l’épidémie. La parole était libérée! »

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La Montée des Marches de 120 Battements Par Minute en images

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Okja, Le Cochon au Cœur d’Or

Okja & Mija ©Netflix

Okja, du réalisateur coréen Bong Joon Ho, est une comédie fantastique sur l’amitié entre une petite fille et un animal génétiquement modifié tenant à la fois du cochon et de l’hippopotame.

La relation entre Mija, la jeune paysanne coréenne, et Okja, une créature génétiquement modifiée, douce et intelligente – tenant à la fois du cochon et de l’hippopotame pour la masse de chair et du toutou pour l’affection – est une véritable histoire d’amour. Libres et heureuses dans la nature paradisiaque des montagnes boisées de la Corée du Sud, les deux amies vivent et dorment ensemble, partageant nourriture et jeux. Un jour, le vétérinaire responsable du projet vient enlever Okja pour l’emmener à New York. Mija refuse d’accepter la séparation et ira de Séoul à new York pour ramener son amie.

Lucy Mirando (Tilda Swinton) & Mija (Seo Hyun An) ©Netflix

Adorateurs du Cochon d’or

Le Cochon d’or est devenu le symbole d’une société capitaliste moderne et technologique, qui cache son appât du gain sous le masque politiquement correct des solutions écologiques. En promettant d’unir la Nature et Science, Lucy Mirando (Tilda Swinton), la flamboyante et peroxydée PDG de la multinationale agroalimentaire Mirando, évoque la naissance d’un miracle qui offrira à ses clients une viande succulente et à l’environnement, une réduction d’excréments!
A partir d’une truie découverte au Chili, 26 porcelets ont été « fabriqués » et répartis chez des éleveurs du monde entier, afin que les bestiaux soient élevés selon les méthodes traditionnelles propres à chaque terroir. Un concours décidera au bout de dix ans du plus bel animal de l’univers, avec cérémonie de remise des prix à New York.

©Netflix

Espion dans le laboratoire Mirando

Mija (Seo Hyun An) offre des fruits à sa gigantesque truie, qui l’aide à pêcher et lui sauve la vie grâce à son ingénieux sacrifice alors que la petite fille est menacée d’une chute dans le vide. Mais pour la société Mirando, Okja est une machine à faire de la viande, et le Dr. Johnny Wilcox (Jake Gyllenhaal), emballé par les résultats de l’élevage coréen, la récupère pour la sacrer « meilleur super-cochon » et poursuivre ses travaux sur elle dans son laboratoire.
Trahie par son grand-père qui lui offre un cochon d’or pour lui faire accepter le départ d’Okja et lui conseille de se trouver un petit ami, Mija voit son innocence voler en éclats.

©Netflix

Rocambolesque pignapping

Mija entame alors une trépidante course poursuite avec d’impressionnantes cascades à la recherche de son amie, aidée par des défenseurs des droits des animaux qui l’aident à récupérer Okja en organisant un rocambolesque « pignapping ».
Mais le but des militants de la cause animale, dirigés par Jay (Paul Dano), est d’utiliser Okja comme espion dans la forteresse du laboratoire Mirando afin de révéler les diaboliques travaux entrepris. Pour cela, elle doit être re-capturée et emmenée à New York où la rejoindra Mija, que Lucy veut utiliser pour des retrouvailles émues entre les deux amies. Lesquelles ne se passent pas comme prévu…

Dr. Johnny Wilcox (Jake Gyllenhaal) ©Netflix

Innocence et philosophie universelle

Bong Joon Ho (Memories of Murder, The Host, Snowpiercer) livre ici une œuvre touchante, qui, porteuse d’innocence et d’une philosophie universelle, honore le Festival de Cannes et a bien sa place en compétition. Le récit, d’une grande authenticité, malgré son côté fantastique et science-fiction, est autant un excellent divertissement aux nombreuses trouvailles humoristiques qu’une effrayante vision de notre société contemporaine.

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Rideau pour Netflix?

La Croisette a pris des allures de cour de récré lors de la projection presse. Premier film de la Sélection Officielle financé par la plateforme de SVOD Netflix, Okja était attendu au tournant. A l’image de la polémique au sujet de la non diffusion en salle du film qui divise le monde du cinéma français, la police de la pensée de l’exception culturelle française a hué lors de l’apparition de la bannière Netflix sur l’écran du Grand Auditorium Lumière, alors que d’autres, au contraire, applaudissaient. (Amazon avait également été hué la veille lors de la projection du film Wonderstruck…)
Huile sur le feu, un rideau mal ajusté masquant une partie de l’écran a provoqué l’arrêt du film au bout de quelques minutes, le temps que les techniciens pallient au problème: « un incident uniquement dû aux services techniques du Festival » selon un communiqué de la direction du Festival de Cannes.
Maintenant, on attend l’américain The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach, autre film de la compétition acquis par Netflix…

Okja de Bong Joon Ho 
Long métrage – Couleur – 1h58

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La Montée des Marches en images

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Wonderstruck Emerveille le Festival de Cannes

L’équipe du film ©YesICannes.com

Wonderstruck de Todd Haynes a ouvert la compétition du 70ème Festival de Cannes avec un chef d’oeuvre de cinéma: l’émouvant parcours à New York de deux enfants sourds vers une vie meilleure.

Wonderstruck, du réalisateur américain Todd Haynes, a littéralement émerveillé – frappé de merveilles – les festivaliers par son histoire émouvante, le montage original de tableaux en noir et blanc et en couleur dans des époques éloignées de 50 ans, des époques parfaitement reconstituées, avec des décors sublimes, une musique qui colle parfaitement au passé recomposé de la  la narration et la magnifie. Chaque page se tourne et on dévore ce livre ouvert sur le monde de l’enfance, de l’amitié et de la famille dans les paysages urbains de New York.

Rose (Millicent Simmonds) ©DR

L’Art de la Fugue

Deux ans après Carol, Todd Haynes revient à Cannes avec Wonderstruck, un chef d’œuvre de cinéma: le scénario de Brian Selznick – d’après son roman – est mis en scène par des cadrages parfaits, des lumières artistiquement maîtrisées, parfois dans des clairs-obscurs et des touches de flou. Alternant images couleur et noir et blanc, le film dépeint par petits tableaux successifs les vies de deux enfants. Ben -11 ans – vit à Gunflint dans le Minnesota, et reste inconsolable de la mort de sa mère et Rose – du même âge – isolée et esseulée par sa surdité, vit à Hoboken dans le New Jersey. En tissant les plans les uns aux autres, Todd Haynes pratique – comme un musicien – l’Art de la Fugue, à l’image de la fuite de ces enfants vers New York, qui cristallise tous les espoirs.

Julianne Moore

Le Cabinet des Curiosité de la vie

Les vies de Ben (Oakes Fegley) en 1977 et de Rose (Millicent Simmonds) en 1927 prennent le tour d’un destin commun à 50 ans de distance, et l’intersection des deux univers se produit autour d’un musée en une sorte de Cabinet des Curiosité de la vie. Depuis que sa mère, une documentaliste, est morte dans un accident, Ben se sent perdu et rêve aux étoiles ainsi que de rencontrer enfin son père qu’il n’a jamais connu.
Avec son père qui semble lui reprocher sa surdité de naissance, Rose se sent seule et incomprise et n’a pas d’amis. A 50 ans de distance, la surdité va rapprocher les deux enfants, car Ben, ayant trouvé un indice pouvant le mener à son père est frappé par la foudre en téléphonant pour explorer cette piste et devient sourd.

Ben (Oakes Fegley) & Jamie (Jaden Michael)

Museum d’Histoire Naturelle de New York

A peine remis de son accident, Ben part en secret à New York avec en poche l’adresse d’une librairie comme indice. Rose, qui idolâtre une actrice, apprend qu’elle va jouer à New York, échappe à son père et s’enfuie vers la Grande Pomme. Les deux enfants s’aventurent dans les dangers de la grande ville, risquant tout pour trouver ce qui leur manque… Leur destin se jouera soudain autour du American Museum of Natural History où le destin les entraîne.
Wonderstruck est un film riche en émotions, complexe, touchant et beau. Un coup de tonnerre et un éclair de génie en ce début de compétition à Cannes.

Wonderstruck de Todd Haynes
D’après le roman de Brian Selznick (auteur de Hugo Cabret)
N&B et couleur – 1h57 – En compétition

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La Montée des Marches de Wonderstruck en images

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Le 70ème Festival de Cannes Est Ouvert

©Festival de Cannes

Après une glamoureuse Montée des Marches très étoilées en stars internationales, la Cérémonie d’ouverture a donné le coup d’envoi de la 70ème édition du Festival de Cannes.

Lily-Rose Depp & Asghar Farhadi ©YesICannes.com

C’est un couple inédit et unique, réunit pour pour l’occasion, qui a déclaré le 70ème Festival de Cannes ouvert: l’actrice Lily-Rose Depp (fille de Vanessa Paradis et Johnny Depp) et le cinéaste iranien Asghar Farhadi (Prix d’Interprétation Masculine et du Scénario avec Le Client en 2016). A la fin de la cérémonie d’ouverture, Les Fantômes d’Ismaël du réalisateur français Arnaud Desplechin, avec à l’affiche Marion Cotillard et Charlotte Gainsbourg, a été projeté aux spectateurs du Grand Auditorium Louis Lumière.

Jury ©YesICannes.com

L’homme qui aime les femmes

Après le duo de chanteurs Louane et Benjamin Biolay, Monica Belluci, la maîtresse de cérémonie, a évoqué la magie de Cannes où l’on retrouve son regard d’enfant et s’est félicitée que 12 films sélectionnés ont été réalisés par des femmes, et que le président du Jury, Pedro Almodóvar, soit l’homme qui aime les femmes.
Du 17 au 28 mai sur la Croisette, Pedro Almodóvar, entouré des membres du jury venant du monde entier: Maren Ade (Réalisatrice, Scénariste, Productrice – Allemagne), Jessica Chastain (Actrice, Productrice – États-Unis), Fan Bingbing, (Actrice, Productrice – Chine), Agnès Jaoui (Actrice, Scénariste, Réalisatrice, Artiste-Interprète – France), Park Chan-wook (Réalisateur, Scénariste, Producteur – Corée du Sud), Will Smith (Acteur, Producteur, Musicien – États-Unis), Paolo Sorrentino (Réalisateur, Scénariste – Italie), Gabriel Yared (Compositeur – France), auront à sélectionner la Palme d’or et les films qui complèteront le palmarès.

©DR

Les Fantômes d’Ismaël

Les Fantômes d’Ismaël, drame d’Arnaud Desplechin, 1h54.
Elle avait disparu depuis vingt ans, on la croyait morte et coucou, la revoilou! Carlotta (Marion Cotillard) revient chercher son mari Ismaël (Mathieu Amaric) qui semble ne pas lui avoir manqué alors qu’elle était en Inde. mais lui, Ismaël, a beaucoup souffert de la disparition de sa femme Pourtant, il a refait sa vie avec Sylvia (Charlotte Gainsbourg). On est au bord de l’océan, Ismaël est un réalisateur qui travaille sur un scénario qu’il craint ne pas arriver à achever.
Arnaud Deplechin a réalisé ce film comme des poupées russes. Cinq films se télescopent dans un, « comme autant d’assiettes de fiction qui se fracassent sur l’écran. Quand il n’y a plus d’assiettes, le film est fini! » explique Desplechin.

Cannes Fait Le Mur

Cannes Fait le Mur

Dans la matinée, David Lisnard, Maire de Cannes, a inauguré l’exposition Cannes Fait le Mur, en dévoilant la photo installée sur le fronton de la Mairie de Cannes en présence d’Olivier Royant, directeur de la publication de Paris Match. Partenaire de l’exposition, Paris Match a sélectionné une série de photos en noir et blanc et en couleur, sur le thème « 70 ans de fête et de bonheur », parmi les 15 millions de photos de sa photothèque.
A travers dix-huit toiles grand format de célébrités du cinéma, Cannes Fait le Mur retrace, de 1953 à aujourd’hui, des « moments vrais », des moments de joie, de rire et de bonheur partagés par les « vedettes », les Cannois, les festivaliers et le public
Disséminées aux quatre coins de la ville, déroulées sur les murs, ou tendues sur des murs pignons d’immeubles et de la Gare, ainsi que sur des bâches aériennes tout au long de la rue d’Antibes, ces images fortes de cinéma offriront une part de rêve et de glamour aux passants du 17 mai au 31 août 2017.

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La Montée des Marches de l’ouverture du 70ème Festival de Cannes en images

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