À la Chapelle de l’Observance de Draguignan, Laurent Perbos orchestre Oasis, une exposition à la fois ludique et troublante, sensorielle et critique, à travers trois grandes facettes de son travail : la sculpture à partir d’objets industriels, la création poétique et l’évocation de mythes.

Laurent Perbos ©YesICannes.com
Oasis, la nouvelle installation de l’artiste marseillais Laurent Perbos, invite à une traversée entre mirage balnéaire, artefacts industriels et allusions mythologiques. Une plongée esthétique qui joue sur les contrastes et les symboles, à découvrir jusqu’au 24 janvier 2026. Avec Oasis, Laurent Perbos signe une exposition lumineuse et engagée où chaque objet devient métaphore, où chaque forme pop cache une tension, où l’art dit beaucoup sans rien imposer. Un moment suspendu, une invitation à rêver entre jeu et vertige, à vivre absolument !

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Une carte postale acidulée… qui pique les consciences
Dès l’entrée dans la chapelle transformée en oasis de charme, le regard est happé par une forêt de faux palmiers – colorés, souples, enfantins – composés de frites de piscine au bout d’étais de chantier surplombant des piscines rondes. Une composition joyeuse qui évoque les vacances, le soleil, l’évasion… mais à y regarder de plus près, l’installation agit comme un leurre. Car derrière l’image de carte postale se cache une autre réalité : celle du tourisme de masse, des déchets plastiques et de l’empreinte environnementale de nos loisirs modernes. Le clin d’œil se teinte alors de regard critique. Le plastique qui suggère la mer devient la mer de plastique. « Ce que vous voyez là, ce n’est pas ce que vous voyez là », glisse l’artiste, évitant de trancher entre dénonciation pure et contemplation esthétique.
Objets du quotidien, sculptures du sensible
Au cœur de la démarche de Laurent Perbos : l’objet industriel, réapproprié, détourné, qui devient langage simple mais élevé au rang de sculpture. Loin des matériaux traditionnels, il choisit ce que tout le monde connaît – une frite de piscine, une cage, une ampoule – pour mieux établir un dialogue immédiat entre le visiteur et l’œuvre. Ces objets deviennent les mots d’un poème visuel et l’installation s’écrit comme un haïku. Pas besoin d’explication savante : un simple regard suffit. Le visiteur voit un oiseau qui pleure des larmes d’or, un autre une cage où la couleur s’évade comme un chant. « Je compose des sculptures comme on compose des poèmes. Une addition d’évocations, d’associations, de sensations. » Cette poésie visuelle, à la fois accessible et énigmatique, interroge notre lien à l’image, à la matière, au monde, tout en invitant à sourire devant la créativité de l’artiste qui « fait de la peinture sans faire de la peinture » en convoquant les six couleurs composant l’arc en ciel.

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Quand le mythe se glisse sous le plastique
La troisième dimension du travail de Perbos s’ancre dans les récits fondateurs, les mythes, les légendes, qu’il croise à la culture pop contemporaine. Loin de toute reconstitution classique, il réinvente les figures mythologiques en sculptures hybrides, entre super-héros antiques et « monstres modernes » qui jouent du basket avec la tête (!) L’une de ses pièces phares revisite le mythe de la bête de Calydon : une créature insaisissable, à la forme incertaine, transpercée de javelots et pourtant bien vivante. Sa posture ambigüe – entre effondrement et jaillissement – évoque la tension entre destruction et vitalité, entre beauté et violence. A Jason et ses Argonautes de maîtriser la Bête !
Une exposition-paysage à plusieurs niveaux
Pensée comme un tableau immersif, Oasis se déploie à la fois horizontalement et verticalement dans l’espace de la chapelle de l’Observance. Le regard est invité à se perdre, à errer entre les couches de lecture, entre la beauté apparente et les dissonances « interpellantes ». C’est là que réside toute la force du travail de Laurent Perbos : un équilibre fragile entre attraction et ambivalence, entre ce qui est donné à voir et ce qui se révèle peu à peu, si l’on prend le temps de regarder autrement.

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Vénus joue les Jeux
À l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, les marches de l’Assemblée Nationale ont célébré le sport et l’art en accueillant six Vénus de Milo réinventées par Laurent Perbos, chacune incarnant une discipline sportive. La célèbre statue antique a retrouvé des bras et s’est équipée pour figurer six disciplines emblématiques des Jeux : le tennis, le surf, le para tir à l’arc, le basketball, la boxe et le lancer du javelot. Ces Vénus qui questionnent, inspirent et rassemblent vous accueilleront à leur tour à l’entrée de l’exposition Oasis.

Oasis présentée par Françoise Maurice, Adjointe déléguée à la Culture et au Patrimoine ©YesICannes.com
Oasis – Exposition de Laurent Perbos
Chapelle de l’Observance – Draguignan
Du 10 octobre 2025 au 24 Janvier 2026
Entrée libre
+ 33 (0)4 94 84 54 31
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