
Jean-Paul Kauffmann lauréat du Prix Littéraire Jacques Audiberti 2025 à Antibes pour l’ensemble de son œuvre : un hommage à la mémoire, à l’enfance et à la résistance.

Christian Authier, Etienne de Montety, Didier Van Cauwelaert, Jean-Paul Kauffmann, Aurélie de Gubernatis ©YesICannes.com ©YesICannes.com
Le Prix Audiberti 2025 à Jean-Paul Kauffmann : Hommage à la Mémoire et à la Reconstruction. Dans le cadre enchanteur de la Villa Eilenroc bercée par la Méditerranée, le Prix Littéraire Jacques Audiberti 2025 a été remis à Jean-Paul Kauffmann, journaliste, écrivain et ancien otage, pour son bouleversant dernier roman « L’Accident« . Fondé en 1989 par la Ville d’Antibes, ce prix distingue chaque année une œuvre littéraire marquée par une inspiration méditerranéenne, mais aussi, depuis peu, par une résonance intime avec l’œuvre du dramaturge antibois Jacques Audiberti qui déclarait à Jean-Claude Nougaro : « Il faut écrire avec les poings ! » Cette édition 2025 a trouvé en Jean-Paul Kauffmann un lauréat hors norme, un auteur habité par la mémoire, par l’exil intérieur, et surtout par la quête d’une réconciliation intime avec soi-même et le passé.

Jean-Paul Kauffmann ©YesICannes.com
« L’Accident » : un double drame, un même silence
Le livre récompensé, L’Accident, évoque d’abord un drame collectif : le 2 janvier 1949, dans le village de Cornu (Mayenne), 18 jeunes footballeurs périssent dans un accident de la route dû à l’état d’ébriété du chauffeur. Une tragédie presque oubliée, mais qui a profondément marqué le jeune Jean-Paul Kauffmann. Mais ce récit tragique en dissimule un autre, plus intime : celui de la propre captivité de l’auteur au Liban, enlevé le 22 mai 1985 à Beyrouth et détenu près de trois ans par le Jihad islamique. Entre ces deux « accidents », l’auteur tisse un dialogue silencieux, fait de douleur, de perte et de reconstruction. Car, comme l’a souligné le maire d’Antibes, Jean Leonetti, cette œuvre est aussi « un livre de gratitude, un hommage aux souvenirs d’enfance qui l’ont sauvé durant sa captivité ».

Didier Van Cauwelaert (au micro) ©YesICannes.com
Une œuvre d’enracinement et de libération
Lors de la remise du prix, le président du jury, Didier Van Cauwelaert, a salué un livre qui « se lit comme une partition sensible entre l’être brisé et l’enfant intact ». Il a souligné la force de l’écriture de Kauffmann, capable de « se cacher derrière les livres, tout en révélant l’essentiel » : cette fracture entre le soi captif et le soi survivant, ce lent et fragile processus de réappropriation de l’identité. Le récit est traversé par des images puissantes : l’église du village, personnage à part entière, dont les cloches sonnèrent jadis pour les morts du car, puis, presque quarante ans plus tard, pour fêter la libération de l’écrivain. Lieux, visages, sensations… Jean-Paul Kauffmann recompose une topographie de la mémoire, tissée de douleurs et de résilience.

Jean Leonetti (au micro) ©YesICannes.com
De l’otage à l’écrivain : l’homme derrière l’image
Dans son discours, Jean-Paul Kauffmann a tenu à se détacher de l’image figée de ‘l’ex-otage », longtemps accolée à son nom. « Ce livre, je l’ai écrit pour faire oublier ce statut, pour reprendre possession de moi-même par l’écriture », a-t-il confié devant un public ému. L’Accident, plus qu’un témoignage, est un acte de libération littéraire. Il vient clore un long cycle d’œuvres hantées par l’enfermement – qu’il soit physique, géographique ou psychique -, sans jamais nommer frontalement la captivité. Ici, enfin, le silence se fait parole, avec pudeur, avec précision, et une émotion contenue.

Jean-Paul Kauffmann & Jean Leonetti ©YesICannes.com
Une enfance heureuse comme ligne de vie
Contrairement à beaucoup d’écrivains qui reviennent sur des enfances blessées, Jean-Paul Kauffmann revendique une enfance lumineuse, solide, entre un père boulanger et une mère discrète, dans une France d’après-guerre « en noir et blanc, immobile, où l’on croyait encore au merveilleux ». Ce socle affectif et ce monde simple, aujourd’hui disparu, ont été ses repères invisibles durant sa captivité, la lumière dans l’obscurité.

Jean-Paul Kauffmann, Jean Leonetti, Didier Van Cauwelaert ©YesICannes.com
Un prix « audibertien » par excellence
Le jury a salué une œuvre profonde et méditative, en parfaite résonance avec l’esprit de Jacques Audiberti, écrivain de la dualité, de la transcendance et de l’humain dans sa complexité. Avec L’Accident, récit de deux drames entrelacés, celui d’un village endeuillé en 1949 et celui d’un homme captif au Liban, Jean-Paul Kauffmann ne signe pas seulement un livre sur la mémoire ou la résilience, mais un chant de gratitude pour la vie, pour l’écriture, et pour ces racines intérieures qui, même dans les heures les plus sombres, empêchent l’effondrement total. L’auteur signe ici une œuvre de réconciliation, d’ancrage et de libération, un hommage à l’enfance, à la mémoire et à la puissance salvatrice de l’écriture.

©YesICannes.com
Le Jury du Prix Audiberti 2025
Sous la Présidence de Didier Van Cauwelaert, écrivain, le Jury se composait de : Jean Leonetti, Maire d’Antibes Juan-Les-Pins, Président de la Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis ; Simone Torres Forêt-Dodelin, Adjointe au Maire déléguée à la Culture ; Géraldine Audiberti ; Pierre Joannon, écrivain, historien et diplomate franco-irlandais ; Vénus Khoury-Ghata, autrice ; Aurélie de Gubernatis, autrice ; Christian Authier, écrivain et journaliste ; Christian Authier, romancier, essayiste et journaliste français.

Le jury ©YesICannes.com
Remise de prix
En parallèle de la conférence de presse à la Villa Eleinroc, la cérémonie du Prix Littéraire Jacques Audiberti, remis à Jean-Paul Kauffmann, s’est déroulée en soirée dans le superbe Auditorium du Conservatoire de Musique et d’Art Dramatique d’Antibes Juan-les-Pins.

Jean-Paul Kauffmann
Prix Jeune Audiberti
En parallèle au Prix Jacques Audiberti, décerné à l’écrivain Jean-Paul Kauffmann pour « L’Accident », le 6e Prix Jeune Audiberti récompense Anthony Fayard pour « Gengis Khan« . La récompense a été remise dans la matinée du 17 octobre 2025 au Lycée Audiberti à Antibes. En parallèle, la cérémonie du Prix Jacques Audiberti, remis à Jean-Paul Kauffmann, s’est déroulée en soirée dans le superbe Auditorium du Conservatoire de Musique et d’Art Dramatique d’Antibes Juan-les-Pins.

Géraldine Audiberti, Anthony Fayard, Étienne de Montety, ©YesICannes.com
Écrivez musclé !
Pour participer au concours, les 40 candidats sélectionnés doivent être âgés de moins de 26 ans et rédiger un texte bref, original et inédit sur le thème Écrivez musclé, écrivez avec vos poings! ainsi que le conseillait Jacques Audiberti au jeune Claude Nougaro. Le style doit impérativement s’inscrire dans la lignée des écrits incisifs de Jacques Audiberti. Ensuite, un jury composé des membres de l’Association des amis de Jacques Audiberti a la lourde tâche de choisir parmi les nombreux textes reçus celui qui recueillera tous les suffrages. Le lauréat couronné du Prix Jeune Audiberti est récompensé d’un chèque de 500 €. D’autre part, le texte primé est publié sur le site et dans Les Cahiers Jacques Audiberti.

Étienne de Montety & Anthony Fayard ©YesICannes.com

Géraldine Audiberti & Bernard Fournier ©YesICannes.com

Anthony Fayard ©YesICannes.com

Anthony Fayard & Simone Torres Forêt-Dodelin ©YesICannes.com














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