Parfumerie Galimard: les Chemins Parfumés d'un Talent Familial Séculaire

©DR

Passionnée d’histoire, Chantal Roux, la directrice de Galimard, a retracé le passé de Jean de Galimard, gantier-parfumeur qui a grandement contribué au rayonnement de Grasse, Capitale des Parfums.

Chantal Roux ©YesICannes.com

Galimard est un parfumeur historique de Grasse qui participe activement au rayonnement international de la Cité des Parfums. Depuis des siècles, avec une passion renouvelée, l’illustre maison crée des parfums de grand renom autour des fleurs emblématiques des vallées: tubéreuse, jasmin, rose… Chantal Roux, la directrice de Galimard, créatrice de parfums, est habitée d’une passion pour l’histoire. Elle a déjà créé deux parfums en hommage au bicentenaire du Vol de l’Aigle en 2015 : Napoléon 1815 et Princesse Pauline. Souhaitant aller plus loin dans l’héritage légué par Jean de Galimard, le créateur de la marque, Chantal Roux est partie sur les traces du gantier parfumeur au cours des siècles.

Chimie des ingrédients et alchimie du cœur

Pour Chantal Roux, la création d’un parfum nécessite plus que de mélanger des ingrédients dans des quantités plus ou moins importantes. Dans la composition d’un parfum original entrent les matières premières végétales sous forme d’huiles essentielles, d’absolues, d’hydrolats ou de macérats huileux complétées de notes animales (ambre gris, castoréum, civette, musc…). Cela constitue l’étape de la chimie. Mais un parfum atteint son essence authentique et éclatante qu’avec des ingrédients faisant appel à l’alchimie: le rêve, la poésie, l’amour. Autant d’éléments cruciaux qui donnent du sens à la fragrance et apportent un supplément d’âme à un bouquet de senteurs destiné à porter l’émotion au plus profond de l’âme du client.

Chantal Roux (à droite) devant l’Orgue à Parfum ©YesICannes.com

Recherches historiques

C’est pourquoi, pour la création de Napoléon 1815, Chantal Roux s’est consacrée à des recherches approfondies pour mettre à jour des facettes de la personnalité de l’Empereur jusque là inconnues du grand public. Elle s’est notamment plongée dans les écrits du valet de chambre de l’Empereur, Les Mémoires de Constand, qui relatent la vie de Napoléon. Princesse Pauline, (du nom de la sœur préférée de Napoléon) fut l’écho féminin au parfum Napoléon 1815. Après une vie amoureuse plutôt tumultueuse, la Princesse Pauline finit par épouser le prince italien Borghese et s’installe à Grasse en 1806, où elle admire le paysage depuis un jardin qui porte aujourd’hui son nom, essayant de voir sa Corse natale par temps clair. La copie d’une sculpture de Pauline – qui a posé nue pour le sculpteur italien Canova – figure désormais dans le jardin du MIP (Musée International du Parfum) et rappelle aux habitants de Grasse leur Princesse bien-aimée.

Parfum Napoléon 1815 ©YesICannes.com

Saga parfumée

Après ces recherches à l’occasion des célébrations du Bicentenaire de la Route Napoléon, s’érigeant en gardienne de la mémoire familiale, Chantal Roux, aidée par Patrick Brancolo, un passionné d’histoire Napoléonienne et du maître généalogiste Jacques E Decarie, a puisé dans les archives municipales de Grasse, Séranon, Nice, Thorenc et du Var pour faire resurgir le passé de l’une des plus grandes maisons de parfumerie grassoise. Partir sur les traces de Jean de Galimard, et souligner le lien entre Grasse et la Parfumerie Galimard qui remonte au Moyen Âge, c’est le défi qu’a relevé Chantal Roux en réalisant une documentation très fouillée s’étalant de 1747 à nos jours. Nous vous invitons à nous suivre sur les chemins parfumés de cette saga familiale au cours des siècles.

De la Côte d’Or à la Côte d’Azur

Antoine de Galimard, riche cultivateur, savonnier et tanneur, a épousé Suzanne Leclair dans le village de Mornay sur Vingeanne en Bourgogne Côte d’or. Le couple eut trois enfants: Jean, Henry et Pierre. En l’an de grâce 1650, devant la guerre qui les prive de vente de leurs peaux, les trois frères s’établirent à Grasse qui accueille de nombreux tanneurs dont la production est souvent exportée vers Gênes ou Pise. Les Galimard poursuivent leur métier de tannerie et se diversifient dans la ganterie et la parfumerie. Régnait alors Louis XIV, roi de France et de Navarre, surnommé le Roi-Soleil. En 1614, Louis le Bien-Aimé octroie des lettres patentes aux gantiers parfumeurs, leur donnant ainsi la permission de se qualifier maître gantier ou parfumeur. Jean était membre fondateur de la corporation des gantiers-parfumeurs, marchand bourgeois à la Cour du roi qu’il fournissait en huiles d’olive, pommades et parfums dont il était l’inventeur des premières formules.

Catherine de Médicis et les gants parfumés

C’est ainsi que les champs des alentours de Grasse se sont couverts de rosiers et de jasmins afin d’alimenter les alambics des parfumeurs. Jean de Galimard eut l’idée de créer des gants en cuir parfumés dans des bains de senteur composés d’eau de rose et d’épices. Rapidement, cette technique prit de l’ampleur et s’imposa auprès de la noblesse et notamment reçut les faveurs de Catherine de Médicis qui en raffolait. En 1747, Jean de Galimard, seigneur de Séranon, fonda la Parfumerie Galimard. Les gants parfumés sont à l’origine de la vocation de Grasse à devenir la Capitale des Parfums. Les essences olfactives connurent alors un succès mondial et, afin de répondre à une demande de plus en plus forte, la prestigieuse Maison Galimard profita du terroir azuréen et des senteurs délicates de la lavande, du jasmin, de la rose ou du mimosa pour créer ses précieuses collections de parfums qui donneront à la ville de Grasse ses lettres de noblesse.

La dynastie s’enracine à Grasse

Installés à Grasse, Jean et ses deux frères épousèrent des Grassoises, et ce fut ainsi que la dynastie des Galimard se perpétua dans circonstance que l’on vous relatera dans le reportage suivant.