Festival de Cannes 2025, Renoir, Nouvelle Vague et Die My Love

Nouvelle Vague ©YesICannes.com

La compétition du Festival de Cannes s’est poursuivie avec pas moins de trois projections : Renoir de Hayakawa Chie, Nouvelle Vague de Richard Linklater et Die My Love de Lynne Ramsay.

Die My Love ©YesICannes.com

Die My Love : entrée en lice pour le quatrième jour de la compétition de trois films : Renoir, second long métrage de la réalisatrice japonaise Hayakawa Chie, qui s’inscrit dans la lignée de son précédent long-métrage Plan 75, salué pour sa profondeur émotionnelle, Nouvelle Vague qui signe le retour de Richard Linklater dix-neuf ans depuis Fast Food Nation (2006) et retrace la création d’À Bout de Souffle, le premier long métrage de Jean-Luc Godard et la Croisette a accueilli le dernier long métrage de Lynne Ramsay, Die My Love, inspirée du livre Crève, mon Amour, de l’autrice argentine Ariana Harwicz.

Renoir – ©Renoir – Loaded Films

Renoir ©YesICannes.com

Renoir, portrait d’enfant sensible

Avec Renoir, Hayakawa poursuit son exploration des thèmes de la fragilité humaine et de la quête de sens, cette fois à travers le regard d’une enfant de 11 ans, Fuki, (Yui Suzuki) dans le Tokyo de 1987, le temps d’un été. Fuki vit ses rituels étranges et élans d’enfance dans la solitude émotionnelle : son père, Keiji (Lily Franky) se meurt de maladie et sa mère, Utako (Hikari Ishida) accaparée par son travail. Cette situation pousse Fuki à se réfugier dans son imagination débordante, fascinée par la télépathie et cherchant à établir des liens avec les vivants et les morts mais sa sensibilité hors du commun se heurte à la réalité du monde adulte, souvent incompréhensible et absurde.

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Musique signée Rémi Boubal

La réalisation de Hayakawa se distingue par sa sensibilité et sa capacité à capturer les nuances émotionnelles des personnages. La photographie de Hideho Urata, déjà collaborateur sur Plan 75, apporte une dimension visuelle contemplative, renforçant l’atmosphère mélancolique du film. La musique de Rémi Boubal, également présent sur le précédent film de la réalisatrice, accompagne subtilement les émotions des personnages, ajoutant une couche supplémentaire à l’expérience sensorielle du spectateur.

Nouvelle Vague – ©JeanLouisFernadez

Nouvelle Vague, une fraîcheur pétillante

Nouvelle Vague était attendu comme une bouffée d’air frais en compétition officielle du 78e Festival de Cannes. Richard Linklater, renommé pour ses techniques de tournage innovantes, entre au cœur du mythe de la nouvelle vague française. Cet enjeu cinématique transporte les spectateurs à l’époque vibrante et révolutionnaire du cinéma français des années 1950 et 1960. Le film retrace la production du film de Jean-Luc Godard, A Bout de Souffle, tourné durant l’été 1959 à Paris.

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Dialogues brillants et réflexions

En se focalisant sur ce moment pivotal dans l’histoire cinématique, Linklater a voulu capturer l’esprit de la rébellion et de l’expérimentation artistique, base de la nouvelle vague. Le film explore les défis relevés par la génération de jeunes cinéastes lorsqu’ils ont apporté une approche plus « improvisationnelle » aux histoires. Zoé Deutsch incarne l’iconique actrice américaine Jean Seberg, Aubry Dullin campe Jean-Paul Belmondo et Guillaume Marbeck joue Jean-Luc Godard. Porté par des dialogues brillants, les réflexions sur l’amour, le cinéma, la vie et la mort s’entremêlent avec une fluidité naturelle.

Richard Linklater ©JeanLouisFernadez

Tourné en français

La participation de Seberg dans A Bout de Souffle et son association avec le mouvement de la nouvelle vague ont confirmé son statut de symbole de la jeunesse en rébellion et de star internationale. Linklater s’approprie l’esprit de la Nouvelle Vague – la liberté de ton, les dialogues spontanés, les errances dans la ville, la primauté des personnages – pour créer une œuvre à la fois nostalgique et résolument contemporaine. La caméra, souvent mobile et virevoltante, suit les protagonistes dans leurs conversations passionnées et leurs flâneries improvisées. Linklater a choisi de tourner Nouvelle Vague en français et en un ratio de 4 à 3, un hommage délibéré aux sensibilités esthétiques et culturelles de l’époque. En adoptant ces choix stylistiques, il cherche à immerger les spectateurs dans l’atmosphère authentique du moment, évoquant l’énergie et la ferveur artistique qui caractérisent la nouvelle vague. Nouvelle Vague est une bonne nouvelle, une déclaration d’amour au cinéma à l’authenticité rafraîchissante.

Die My Love ©Okasha

Die My Love, fureur d’un cœur brisé

Fidèle au Festival de Cannes depuis la présentation de son premier film de fin d’études, Small Deaths, sacré Prix du Jury du meilleur court métrage en 1996, la réalisatrice écossaise Lynne Ramsay revient sur la Croisette huit ans après You Were Never Really Here. Avec Jennifer Lawrence dans le rôle principal, soutenue par Robert Pattinson, LaKeith Stanfield, Sissy Spacek et Nick Nolte, le film plonge le spectateur dans une immersion troublante dans la psyché féminine, une exploration intense de la maternité, de la folie et de la violence intérieure. Dans la campagne, Grace (Jennifer Lawrence) une jeune mère de famille en instance de divorce, lutte contre la dépression post-partum et sombre dans la psychose, alors que son mariage avec Jackson (Robert Pattinson) se désintègre. Ce portrait de femme en proie à ses tourments, oscillant entre amour, haine et folie, offre une expérience cinématographique intense et perturbante.

©Okasha

Tension palpable et une esthétique soignée

Avec une économie de dialogues saisissante et une bande originale, souvent composée de sons ambiants et de silences pesants, Lynne Ramsay crée une atmosphère anxiogène. Elle souligne la violence sourde qui gronde en la jeune mère et la menace constante d’une explosion imminente. Die My Love n’est pas un film facile à regarder. Il nous confronte à la laideur de la souffrance non résolue, à la tentation de la violence et à la fragilité de la psyché humaine face au traumatisme.

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Zoé Deutsch ©YesICannes.com

Un récit aussi intriguant que puissant

La réalisatrice du film ne cherche pas à adoucir la réalité émotionnelle de son personnage, mais au contraire, nous plonge au cœur de son chaos intérieur avec une intensité suffocante. Dans un récit aussi intriguant que puissant, Die, My Love est un film audacieux qui explore les recoins sombres de l’esprit humain avec une tension palpable et une esthétique soignée.