Festival de Cannes 2025, O Agente Secreto et The Phoenician Scheme

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Equipe du fil The Phenician Scheme ©YesICannes.com

Au 5e jour de la compétition, le Festival de Cannes a présenté O Agente Secreto de Kleber Mendonça Filho et The Phoenician Scheme de Wes Anderson.

The Phoenician Scheme : le cinquième jour de la compétition a vu l’entrée en lice du réalisateur, scénariste et ingénieur du son brésilien Kleber Mendonça Filho avec O Agente Secreto (L’Agent Secret) après Bacurau e Aquarius, qui a remporté le prix du Jury en 2016. Wes Anderson, qui avait présenté l’excellent Asteroid City en 2023 (hélas reparti sans prix…), revient en compétition avec son douzième long métrage (et nouvelle excentricité !) The Phoenician Scheme.

O Agente Secreteo ©Victor Juca

O Agente Secreto, satire et paranoïa contemporaine

Le retour de Kleber Mendonça Filho en compétition officielle au 78ème Festival de Cannes avec O Agente Secreto était attendu avec impatience. Fidèle à son style unique qui mêle critique sociale acérée, humour noir et une atmosphère parfois surréaliste, le cinéaste brésilien nous livre une œuvre déroutante et fascinante, qui interroge la paranoïa ambiante et la fragilité des institutions dans un Brésil contemporain sous tension.

O Agente Secreto ©YesICannes.com

Un Brésil sous dictature militaire

En 1977, dans un Brésil alors sous dictature militaire, Marcelo, (Wagner Moura) un homme d’une quarantaine d’années fuyant un passé trouble, arrive dans la ville de Recife où il espère construire une nouvelle vie et renouer avec sa famille. Un événement inattendu et potentiellement menaçant vient perturber sa routine, le plongeant dans un tourbillon de suspicion et de bureaucratie kafkaïenne. Mendonça Filho excelle dans la création d’une atmosphère à la fois familière et étrange. Convaincu d’être la cible d’une obscure machination, Marcelo se lance dans une quête obsessive pour découvrir la vérité, naviguant entre des autorités incompétentes, des voisins étranges et ses propres angoisses grandissantes.

©CinemaSco’pio – MK Production – One Two Films – Lemming

Perte de confiance dans les institutions

O Agente Secreto se déroule dans un Recife vibrant mais aussi traversé par des tensions sourdes. La mise en scène est soignée, privilégiant les plans séquences qui permettent de s’immerger dans le quotidien du protagoniste et de ressentir son malaise croissant. L’utilisation de l’espace, qu’il s’agisse de l’intimité de son appartement ou de l’anonymat des rues, contribue à renforcer le sentiment d’isolement et de vulnérabilité. O Agente Secreto est une œuvre singulière et stimulante, qui confirme le talent du cinéaste pour mêler critique sociale, humour noir et une atmosphère troublante.

O Agente Secreto ©YesICannes.com

Humour noir ironie grinçante

L’humour noir est omniprésent, souvent teinté d’une ironie grinçante face à l’absurdité des situations rencontrées par le protagoniste. Le film oscille constamment entre le réalisme du quotidien et des moments plus oniriques, voire surréalistes, qui reflètent l’état d’esprit paranoïaque du personnage principal. Le jeu subtil et nuancé de Wagner Moura rend crédible la fragilité psychologique de cet homme ordinaire confronté à des événements qui le dépassent. Les personnages secondaires (Udo Kier, Gabriel Leone, Maria Fernanda Cândido) souvent excentriques ou ambigus, contribuent à l’étrangeté de l’ensemble.

The Phoenician Scheme ©DR

The Phoenician Scheme, gourmandise cinématographique

Le retour de Wes Anderson en compétition officielle au 78e Festival de Cannes avec The Phoenician Scheme est un événement en soi, et le résultat enchante de nouveau. Fidèle à son esthétique reconnaissable entre mille, son humour pince-sans-rire, le cinéaste américain nous offre une nouvelle fable visuellement somptueuse et narrativement inventive, qui à partir d’une histoire conçue avec Roman Coppola, réuni sous son inimitable patte une distribution constellée de stars : Benicio del Toro, Mia Threapleton, Michael Cera, Riz Ahmed, Tom Hanks, Bryan Cranston, Mathieu Amalric, Richard Ayoade, Jeffrey Wright, Scarlett Johansson, Benedict Cumberbatch, Rupert Friend et Hope Davis. Rien que ça !

©YesICannes.com

Une comédie noire d’espionnage

La marque de fabrique de Wes Anderson dans cette comédie noire d’espionnage est plus que jamais présente. La direction artistique est d’une précision obsessionnelle, chaque plan est une composition picturale digne d’un tableau. Les couleurs sont vives et saturées, les symétries omniprésentes, et les mouvements de caméra fluides et chorégraphiés créent un univers visuel immédiatement identifiable et profondément immersif. On se délecte de la richesse des détails, des costumes excentriques aux décors minutieusement reconstitués.

©DR

Profondeur émotionnelle qui touche au cœur

Zsa-zsa Korda (Benicio del Toro), riche homme d’affaires, désigne sa fille unique, une religieuse, sœur Liesl (Mia Threapleton), comme seule héritière de son patrimoine. Alors que les Korda se lancent dans une nouvelle entreprise, le duo père-fille devient rapidement la cible de magnats intrigants, de terroristes étrangers et d’assassins déterminés. L’humour, typiquement andersonien, s’exprime dans un mélange subtil d’ironie, de sarcasme et d’absurdité. Les dialogues sont souvent secs et percutants, les situations cocasses et les personnages, malgré leurs excentricités, profondément humains dans leurs faiblesses et leurs aspirations. Chaque acteur s’approprie son personnage avec une délectation palpable, contribuant à la singularité de cet univers. The Phoenician Scheme est une nouvelle gourmandise cinématographique. Le film explore avec sensibilité les thèmes chers au réalisateur, souvent sous-tendus par une mélancolie douce-amère et une réflexion sur le temps qui passe et les liens qui se tissent et se défont. Un mélange de morceaux classiques, de pop indie et de compositions originales vient souligner les moments clés du récit avec une justesse impeccable. Derrière la façade excentrique et le vernis stylisé, se cache une profondeur émotionnelle qui touche au cœur.