
Highest 2 Lowest ©YesICannes.com
Le Festival de Cannes a présenté Eagles of The Republic de Tarik Saleh et Alpha de Julia Ducournau et Highest 2 Lowest de Spike Lee.

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Highest 2 Lowest : la compétition du Festival de Cannes entre dans sa seconde moitié avec les projections de Eagles of The Republic de Tarik Saleh et Alpha de Julia Ducournau. Les Aigles de la République est le dernier volet de la trilogie du Caire du réalisateur suédois d’origine égyptienne après Le Caire Confidentiel en 2017 et La Conspiration du Caire en 2022, Prix du Scénario à Cannes. Julia Ducournau, Palme d’or en 2021 avec Titane, revient sur la Croisette avec l’histoire d’une fillette confrontée à l’épidémie de sida dans les années 1980. Enfin, L’événement du jour était la projection Hors Compétition de Highest 2 Lowest de Spike Lee, avec Denzel Washington qui s’est vu remettre une Palme d’Or d’Honneur surprise des mains de Thierry Frémaux et Iris Knobloch.

Eagles of the Republic ©YigitEken
Tourbillon de trahisons et de manipulations
Avec Eagles of The Republic, Tarik Saleh confirme une fois de plus son talent pour explorer les méandres du pouvoir, de la corruption et des luttes idéologiques. Ce film, qui s’inscrit dans la lignée de ses œuvres précédentes consacrées aux hautes sphères égyptiennes, politiques et religieuses du Caire : The Nile Hilton Incident (Le Caire Confidentiel) ou Cairo Conspiracy (La Conspiration du Caire), est une plongée captivante dans un univers politique complexe, où les lignes entre bien et mal sont constamment brouillées.

Eagles of The Republic ©YesICannes.com
L’histoire, qui semble s’inspirer de contextes historiques ou contemporains, suit un groupe de personnages aux motivations ambiguës, pris dans un tourbillon de trahisons et de manipulations. Saleh excelle à créer une atmosphère tendue, presque oppressante, où chaque dialogue, chaque regard, semble chargé de sous-entendus. La photographie, sombre et stylisée, renforce cette ambiance de conspiration, tandis que la bande-son, minimaliste mais efficace, accentue le sentiment d’urgence.

©DR
Un pur film noir
Un acteur adulé George El-Nabawi (Fares Fares, l’acteur fétiche de Tarik Saleh, pour lequel il écrit) tombe en disgrâce auprès des autorités. Pour regagner son statut, il n’a d’autre choix que d’accepter un tournage particulier : celui du président Al-Sissi, dans un biopic à sa gloire. Il se retrouve alors projeté dans les arcanes du pouvoir et réalise vite qu’il ne risque pas seulement d’y perdre son âme, mais qu’il est constamment en danger. « Les Aigles de la République est un pur film noir, comme l’était Le Caire Confidentiel. En son sein, il y a une question existentielle et fondamentale : “Dois-je m’incliner face à ce système ? » explique Saleh qui ne cherche pas à divertir, mais à provoquer la réflexion devant la densité des enjeux politiques et historiques. Par son récit politique complexe et son atmosphère envoûtante, Eagles of The Republic est un film exigeant mais enrichissant, qui confirme Tarik Saleh comme l’un des réalisateurs les plus talentueux et ambitieux de sa génération.

Alpha ©Mandarin & Compagnie Kallouche Cinéma Frakas Production France 3 Cinéma
Exploration de l’identité et de la transformation
Julia Ducournau, connue pour son approche provocante et viscérale du cinéma avec des films comme Grave (Raw) en 2016 avec Garance Marillier et Titane, Palme d’or 2021 avec Agathe Rousselle, continue de repousser les limites avec Alpha. Ce film, bien que différent dans son récit, conserve la marque de fabrique de la réalisatrice : une exploration intense et souvent dérangeante des thèmes de l’identité, de la transformation et des limites du corps humain. Au Havre, dans les années 80, Alpha (Mélissa Boros), une pré-adolescente agitée de 13 ans, est rejetée par ses camarades de classe parce que la rumeur court qu’elle est atteinte d’une nouvelle maladie. Amin, l’oncle d’Alpha, (Tahar Rahim) a été infecté par le virus du VIH. Alpha vit seule avec sa mère (l’actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani) et leur monde s’écroule le jour où, après l’école, elle rentre avec un tatouage sur le bras.

Julia Ducournau ©Carole Betuel
Le corps, terrain de conflit
Alpha plonge le spectateur dans un univers où les frontières entre réalité et cauchemar sont constamment floues. L’histoire mêle des éléments d’horreur psychologique en suivant un personnage en quête de rédemption ou de réinvention, confronté à des choix qui défient les normes sociales et biologiques. Ducournau utilise son style visuel distinctif pour créer une atmosphère à la fois hypnotique et oppressante, où chaque image semble chargée de symbolisme. Dans cette œuvre audacieuse et troublante qui confirme Julia Ducournau comme l’une des voix les plus originales et provocantes du cinéma contemporain, on retrouve l’actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani et l’acteur Tahar Rahim. Les scènes de transformation, souvent brutales et graphiques, sont traitées avec une précision chirurgicale, rappelant l’obsession de Ducournau pour le corps comme terrain de conflit et de métamorphose. Aussi, comme pour ses précédents films, Alpha ne sera pas du goût de tout le monde…

Highest 2 Lowest ©DR
Hommage à Akira Kurosawa
Avec Highest 2 Lowest, Spike Lee revient pour la sixième fois sur La Croisette avec un thriller policier tourné à New York. Un magnat de la musique (Denzel Washington), réputé avoir les meilleures oreilles de la profession, est la cible d’une demande de rançon qui l’accule à un dilemme moral, entre vie et mort. Complices de longue date, Denzel Washington et Spike Lee se retrouvent pour la cinquième fois dans cette adaptation du polar Entre le ciel et l’enfer, du grand cinéaste Akira Kurosawa, qui se déroule dans les bas-fonds de New York aujourd’hui. Ce film, qui semble s’inscrire dans la lignée de ses œuvres comme Do the Right Thing, BlacKkKlansman ou Chi-Raq, est une exploration audacieuse des inégalités sociales, des tensions raciales et des luttes pour la justice. Il incarne parfaitement son engagement social et son talent pour raconter des histoires qui résonnent profondément avec les réalités contemporaines.

Denzel Washington ©YesICannes.com
Inégalités sociales et dilemmes moraux
Le film réunit un casting impressionnant, avec Denzel Washington, Jeffrey Wright, Ilfenesh Hadera, Ice Spice et A$AP Rocky. Ce dernier, dans son premier rôle au cinéma, incarne Yung Felon, un rappeur en quête de reconnaissance. Spike Lee transpose l’intrigue de Tokyo à New York, explorant les inégalités sociales et les dilemmes moraux dans le contexte contemporain américain. Lee utilise son style visuel distinctif – avec des plans iconiques, des montages dynamiques et une utilisation expressive de la couleur – pour créer une expérience cinématographique immersive et percutante. Le film respire l’urgence et la tension, reflétant l’ascension effrénée et la fragilité de la réussite du protagoniste. La bande-son, souvent composée de musique soul, jazz ou hip-hop, ajoute une dimension émotionnelle et rythmique au récit. Souvent percutants et chargés de sens, les dialogues reflètent l’habileté de Lee à mêler humour, colère et poésie. Highest 2 Lowest ne se contente pas de raconter une histoire individuelle, mais dresse un portrait plus large des dynamiques sociales et économiques qui permettent à certains de s’élever et condamnent d’autres à rester en bas.

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Eagles of The Republic ©YesICannes.com

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Carla Bruni ©YesICannes.com
La Montée des Marches de Highest 2 Lowest
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