
François Hollande ©YesICannes.com
François Hollande, après avoir inauguré le MIPIM 2022, a pris la parole en ouverture du Salon International de l’Immobilier qui s’est tenu à Cannes, du 15 au 18 mars.
François Hollande est venu le 15 mars fouler les allées du plus grand salon des professionnels de l’immobilier dans sa version classique depuis le Covid. Après la rituelle coupure ruban bleu, blanc, rouge sur les Marches Rouges du Palais des Festivals et des Congrès, le successeur de Ban Ki-Moon et de Nicolas Sarkozy s’est rendu au pavillon United Grand-Paris pour visiter les stands de la Métropole. Après s’être entretenu avec les différents acteurs de l’immobilier tertiaire et avoir admiré les maquettes des futurs projets franciliens, l’ancien président a fait une halte très remarquée sur le stand de Paris La Défense. Plus tard dans la journée, l’ancien locataire de l’Élysée a donné une conférence au Grand Auditorium du Palais des Festivals sur le thème: conduire le changement urbain par l’immobilier.

Inauguration du MIPIM 2022 ©YesICannes.com
Le MIPIM reprend du poil de la bête
30 ans après sa création, le MIPIM 2019 avait atteint un record de fréquentation avec 26 000 participants. Cette année, le MIPIM rebondit avec succès avec 20 000 participants de 17 pays dont le Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite (1ère participation), les États-Unis, le Brésil… Preuve que l’immobilier mondial a encore de beaux jours devant lui. En prévision de son livre qui devrait sortir en automne, le Président des Accords de Paris et de la COP 21 multiplie les apparitions en public comme la semaine dernière au Salon de l’Agriculture et aujourd’hui dans la Capitale Internationale du Cinéma, non pas pour parler stars et 7ème art mais plutôt du nouvel Art de Vivre et du Bien-être dans les villes du futur.

François Hollande et les officiels traversent le Parvis Riviera pour se rendre au Pavillon du Grand Paris ©YesICannes.com
Changer la ville pour mieux concilier travail et habitat
Cette conférence d’ouverture inaugurale avec une personnalité de renommée internationale, matérialise l’ambition de RX France de créer un sommet incontournable en matière de réflexion sur les grands enjeux urbains. A un mois du premier tour des élections régionales des 20 et 27 juin, François Hollande a rappelé le rôle majeur des régions, passées de 22 à 13 depuis la réforme de la décentralisation en 2014. Pour lui, la transformation des grandes régions s’est installée, mais il faut aller plus loin dans la décentralisation. Il estime qu’il faut renforcer le lien entre le citoyen et ses territoires de proximité.

François Hollande au Pavillon du Grand Paris ©YesICannes.com
L’Europe victime collatérale de la guerre en Ukraine
Lors de son allocution, François hollande a évoqué en premier lieu la guerre en Ukraine. La peur qu’elle provoque en Europe et les effets économiques désastreux qui se traduisent inévitablement par une hausse des prix de l’énergie sous toutes ses formes et une inflation beaucoup plus forte que prévue. Des secteurs d’activités sont fortement impactés par la guerre et provoque des pénuries d’approvisionnement. Ces épreuves imposent le changement et la prise de positions fortes au niveau européen au niveau des investissements, des implantations et de l’intégration du nouveau dogme climatique dans les choix publics.

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Changer nos modèles énergétiques
Pour François Hollande, il faut impérativement changer nos modèles énergétiques. Il va falloir être moins dépendant des énergie fossiles, essentiellement venues de Russie, amplifier la décarbonisation de l’économie, changer les procédés de production et isoler encore plus les logements. Il faut réorganiser la ville et ses espaces pour mieux loger la population et pour permettre de mieux concilier le travail et l’habitat, tout en réduisant les mobilités. Imaginer l’avenir des métropoles, intégrer l’enjeu environnemental dans toutes les décisions d’investissements, anticiper les modes de consommation entre habitat et travail, appréhender les nouveaux besoins logistiques, technologiques et les nouveaux usages sont les principaux objectifs des promoteurs et des élus. Il faut donc, au milieu de tous ces bouleversements que ces crises successives ont provoqués, tracer les tendances longues en matière d’aménagement.

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Continuer à bâtir pour loger la population
Malgré le ralentissement démographique en Europe, il faut plus de logements pour favoriser la mobilité des professionnels, pour s’adapter aux modes de cohabitation et de décohabitation familiale, en tenant compte de l’allongement de la vie, pour accentuer l’attractivité des métropoles comme le développement des lieux touristiques. En France il manque encore un million de logements. C’est pourquoi il faut continuer à construire.

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Adapter les bâtiments aux nouveaux usages
La crise sanitaire a accentué le télétravail. Un certain nombre de procédures ont été digitalisées et les espaces partagés ont le vent en poupe. Une tendance qui va se poursuivre au delà de la crise sanitaire ce qui provoquera des excédents de surface dans certaines zones et des déficits dans d’autres, et obligera la reconversion des commerces, des bâtiments professionnels et même des lieux d’habitats. Les nouvelles constructions ne pourront pas à elles seules intégrer la dimension environnementale puisque le renouvellement des logements est de l’ordre de 1%. Il faut absolument rénover les bâtiments existants en y intégrant toutes les dimensions environnementales.

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Adoucir l’urbain
La ville aujourd’hui est devenue coûteuse, dangereuse, inaccessible: prix de l’immobilier, condition de transport, pollution, bruit, violence… D’où les efforts des élus de toutes les métropoles pour repenser de nouveaux aménagements. Adaptation à la voiture, rapprocher les modes de vies et de travail, rétrécir ou réduire la durée des déplacements, intégrer les technologies comme la robotique ou gérer tous les axes de la vie au sein de la ville. Autre tendance lourde qui prendra peut-être jusqu’à la fin du siècle: répondre aux défis climatiques.

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Vivre dans des villes intelligentes et écologiques
La hausse des prix de l’énergie devrait continuer, au delà même de la guerre en Ukraine. C’est un élément qu’il faut intégrer comme durable car, si les marchés pourront connaître des fluctuations, le prix du carbone sera substantiellement relevé et la fiscalité se basera dessus. A partir de là, il est impératif que les investissements sur les constructions et que l’ensemble des déplacements puissent intégrer l’ensemble des contraintes fixés dans les engagements internationaux. Cela s’adresse à une demande de la population et notamment des nouvelles générations qui veulent vivre dans des villes intelligentes et écologiques.

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Anticiper les prochaines crises climatiques
Les engagements pris pendant les accords de Paris sont insuffisant pour éviter une prochaine crise climatique qui devrait se traduire par un réchauffement de la planète et dont les villes seront les premières victimes. Ce qui doit conduire les pouvoirs publics mais aussi les investisseurs privés à limiter les mobilités, à anticiper la généralisation des véhicules électriques, à construire des immeubles zéro émission, à introduire des forêts urbaines à partir de friches industrielles délaissées et même, imaginer une agriculture urbaine sur les toits. C’est aussi la volonté de conjuguer la métropolisation inévitable et l’intégration de l’ensemble des territoires. Il faut que ce mouvement plus large et plus sobre, plus humain ne se fasse pas au détriments des autres territoires. Il ne faut pas léser ceux qui ont investit dans des villes moyennes, qui veulent télétravailler et qui veulent apprécier leur nouveau mode de vie.

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S’approprier des jardins
Il est vrai que la densification présente des atouts en matière environnementale car elle réduit le coût du foncier et permet la cohabitation des activités. Les investissements immobiliers devront aussi faire place à une volonté des habitants d’être plus en contact avec la nature en s’appropriant des jardins. Il faut aussi réfléchir à une meilleure organisation des activités commerciales, à une meilleure liaison avec les métropoles et mettre en place un accueil d’activités pas simplement logistiques mais également économiques et industrielles permettant d’avoir des emplois qui correspondent aux besoins de la population.

François Hollande devant la maquette de Paris-La Défense ©YesICannes.com
Le Grand Paris, un formidable terrain d’expériences urbaines
Pour que les habitants s’approprient leur quartier et lui donner une identité, il faut les impliquer d’avantage dans la préparation et la décoration des projets urbains dès leur conception, si l’on veux qu’ils soient acceptés et même améliorés par le dialogue et la participation. Cela permet d’éviter les contentieux et les conflits. L’enjeu est de préparer la ville de demain au regard de toutes les contraintes environnementales et en tirer toutes les leçons qui viennent de se succéder. La France, qui va accueillir les Jeux Olympiques en 2024, peut être un formidable terrain d’expériences urbaines et d’exemple de sobriété et d’innovation puisqu’il en sort des bâtiments convertis en logements, en bureaux, en équipements publics. L’idée est donc de donner plusieurs vies à des immeubles.

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Concilier écologie et économie
Et de continuer: « Il faut valoriser aux maximum les surfaces et qu’il n’y ait plus de destination unique ou définitive. L’idée est de transformer des zones et d’être capable, non pas de les démolir mais plutôt de les adapter aux infrastructures, aux immeubles et aux villes. La construction en cours du Métro Paris Express donnera l’occasion d’investir différemment et de rapprocher l’habitat et le travail.

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Art de vivre et bien-être
François Hollande a conclu son discours par une question: « Est-il possible de concilier écologie et économie, cela peut-il se faire en une économie en croissance ou en décroissance ? La réponse est que l’environnement, la contrainte, mais aussi l’aspiration à mieux vivre sont une source de croissance, une source de développement, un facteur d’investissement et que la protection de l’environnement, ce n’est pas la règle des activités. C’est au contraire la poursuite du progrès. »

Discours inaugurale de François Hollande au MIPIM ©YesICannes.com
L’avenir n’est pas la réplique du passé
« L’aménagement et la conception que nous avons de l’avenir n’est pas la réplique du passé. C’est pourquoi nous avons besoin pour réussir cette tâche, cette mission de nous faire vivre ensemble et mieux, nous avons besoin d’architectes, d’urbanistes, de paysagistes, nous avons besoin d’élus responsables qui portent une vision globale de leur territoire. Nous avons besoin d’un état qui définissent clairement les objectifs énergétiques et climatiques. Nous avons besoin d’une nouvelle réglementation plus souple pour permettre la polyvalence des immeubles et des infrastructures. »

François Hollande en conférence ©YesICannes.com

François Hollande au Grand Auditorium Lumière du Palais des Festivals et des Congrès de Cannes ©YesICannes.com
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