Le Festival de Cannes a vu le 14 mai le retour de deux grands réalisateurs, habitués de La Croisette: Spike Lee avec Black Klansman (Etats-Unis) et Lars Von Trier – jusqu’ici « persona non grata » au Festival – avec The House That Jack Built. Hier, Une Affaire de Famille (Shoplifters), du cinéaste japonais Hirokazu Kore-Eda, a évoqué la force des liens qui unit les membres d’une famille, légitime ou choisie.
Dans Black Klansman, Spike Lee raconte l’histoire de Ron Stallworth de Colorado Springs, premier policier Afro-américain à mener une enquête par infiltration du KKK dans les années 1970, sabotant plusieurs actions du groupe de haine. The House That Jack Built signe le retour du talentueux réalisateur Danois Lars Von Trier, Palme d’Or en 2000 pour Dancer in the Dark, qui après des propos malvenus sur le nazisme en 2011, avait reçu un carton rouge de la part de la direction du Festival de Cannes.
Habitué également de la Croisette, avec huit films sélectionnés, dont six en compétition, Hirokazu Kore-Eda met en scène dans Une Affaire de Famille un clan de sympathiques voleurs qui recueille une fillette maltraitée par ses parents.
Un foyer intime et chaleureux
En rentrant par une froide soirée d’hiver après avoir fait les courses, (lire: après avoir volé les articles à l’étalage), Osamu (Franky Lily) et son fils Shota (Kairi Jyo) aperçoivent sous une maison une fillette apeurée qui semble livrée à elle-même. La famille recueille la petite fille et la réconforte. Et cette famille heureuse, qui semble manger à sa faim malgré la pauvreté, les maigres salaires et les larcins pour survivre, donne à Juri (Miyu Sasaki), adorable petite fille couverte de bleus et craintive, un foyer intime et chaleureux, où règne un joyeux désordre. Et surtout de l’amour. Juri choisit alors cette famille un peu en marge de la société alors que les autorités la recherche, croyant que ses parents l’ont tuée.
Des aspects originaux du Japon
Les savoureuses péripéties des membres de la famille dévoilent des aspects originaux du Japon: le père, en dehors de ses heures de travail sur un site de construction, vole à la tire avec son fils – et bientôt la fillette s’y met aussi, Hatsue la grand-mère (Kilin Kiki) rend hommage à son défunt mari chez son beau-fils pour récolter un peu d’argent, la mère Nobuyo (Sakura Ando) qui travaille dans une blanchisserie, empoche les objets trouvés dans les vêtements, et la fille Aki (Mayu Matsuoka) s’exhibe dans des peep-shows avant de cajoler des hommes fragiles et timides. Au « travail partagé » qui précarise le monde des ouvriers et employés, la famille répond avec sa version du travail partagé: se mettre à plusieurs pour mieux voler.
Les liens du cœur
Dans Une Affaire de Famille, Hirokazu Kore-Eda, continue dans la veine de Nobody Knows, à explorer ce qui constitue une famille, et la force des liens qui l’unit et lui donne la force d’affronter le quotidien. Si on choisit sa famille, les liens du cœur ne sont-ils pas bien plus importants que les liens du sang? La famille peut-elle encore assurer la cohésion de la société japonaise dans l’évolution rapide du monde moderne et de la technologie? L’histoire à la fois charmante et déchirante d’Une Affaire de Famille au grand cœur, prête aux sacrifices des uns pour les autres, jonglant entre mélodrame et film social sans tomber dans le larmoyant, reste la plus belle réponse.
Hirokazu Kore-Eda est abonné aux récompenses: Prix du jury, en 2013, pour Tel père, Tel fils et Prix d’interprétation masculine décerné au jeune Yûya Yagira pour son rôle dans Nobody Knows, en 2004.
Une Affaire de Famille de Hirokazu Kore-Eda
2h – Couleur
La Montée des Marches de Black Klansman de Spike Lee
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