Festival de Cannes 2025, Un Simple Accident, Fuori et Vie Privée

Vie Privée (A Private Life) ©YesICannes.com

Le Festival de Cannes 2025 a présenté Un Simple Accident de Jafar Panahi, Fuori de Mario Martone et, hors compétition, Vie Privée de Rebecca Zlotowski.

A Private Life : pour le septième jour de compétition, la compétition du Festival de Cannes 2025 a vu l’entrée en lice de Un Simple Accident, le 12e long métrage du réalisateur iranien Jafar Panahi qui, sept ans après Trois Visages, Prix du Scénario en 2018, fait son retour en Compétition avec, comme toujours, la question des libertés en Iran. Fuori de Mario Martone est un film biographique sur l’actrice et écrivaine italienne Goliarda Sapienza, inspiré du livre L’università di Rebibbia qui raconte son séjour en prison. Vie Privée (A Private Life) de Rebecca Zlotowski, projeté Hors Compétition, met en scène Jodie Foster et Daniel Auteuil. En 2013, Rebecca Zlotowski était déjà à Cannes avec Grand Central, en sélection officielle d’Un Certain Regard.

Un Simple Accident ©JafarPanahiProductionsLesFilmsPelleas

Filmer, un acte de résistance

Pour Jafar Panahi, filmer reste un acte de résistance depuis l’intérieur du pays des mollahs. Arrestations, emprisonnement, assignations à résidence, interdictions de voyager ou encore de filmer n’ont jamais éteint son obstination à décrier les restrictions de libertés dans la République islamique. Envers et contre tout, Jafar Panahi a toujours continué de tourner en défiant les contraintes, souvent clandestinement, et, malgré le peu de moyens à sa disposition, réussit à créer des chefs-d’œuvre clamant sa liberté d’homme. Dans Un Simple Accident, Jafar Panahi, connu pour Le Cercle, Trois Visages ou Taxi Téhéran, explore une fois de plus les complexités de la condition humaine à travers une histoire apparemment simple mais profondément émouvante. Le film suit un événement anodin qui, par une série de coïncidences et de réactions en chaîne, prend une ampleur inattendue.

Jafar Panahi ©Majid Saeedi

La contrainte, moteur de création

Un Simple Accident débute, comme souvent chez Panahi, dans un quotidien apparemment banal, par un accident mineur ! Panahi aborde des thèmes universels tels que le hasard, la responsabilité et les conséquences imprévues de nos actions. Le film invite à réfléchir sur la fragilité de la vie et sur la manière dont des événements apparemment insignifiants peuvent bouleverser des existences entières.

Un Simple Accident ©YesICannes.com

Style minimaliste et réaliste

Panahi utilise son style minimaliste et réaliste pour capturer la beauté et la tragédie des petites choses de la vie. Naturels et authentiques, ses plans sont souvent sobres mais chargés de sens, avec une attention particulière portée aux détails et aux expressions des personnages. Ce qui semble être un événement mineur se transforme progressivement en une exploration profonde des paradoxes de la société iranienne, de la bureaucratie, de la surveillance, mais aussi de l’humanité et de la solidarité. Dans Un Simple Accident, Jafar Panahi utilise une fois de plus la contrainte comme moteur de création. La casting comprend Vahid Mobasseri, Mariam Afshari, Ebrahim Azizi, Hadis Pakbaten, Majid Panahi et Mohamad Ali Elyasmehr.

Fuori ©DR

Prison de femmes

Mario Martone, connu pour son cinéma exigeant et souvent imprégné d’une forte dimension historique et sociale, nous immerge cette fois dans le destin de l’actrice et écrivaine italienne Goliarda Sapienza. Le cinéaste napolitain s’est inspiré du livre L’università di Rebibbia qui raconte son séjour en prison. Goliarda Sapienza (Valeria Golino) travaille depuis dix ans sur ce qui sera son chef-d’œuvre L’Art de la joie. Mais, désespérée de voir son manuscrit rejeté par toutes les maisons d’édition, elle commet un vol qui lui coûte sa réputation et sa position sociale. Incarcérée dans la plus grande prison pour femmes d’Italie, elle va y rencontrer voleuses, junkies, prostituées. Sa rencontre avec des détenues s’avère être une expérience de renaissance. Une fois sortie de prison, Goliarda noue un lien profond avec Roberta (Matilda De Angelis), une délinquante récidiviste et activiste politique.

©DR

Espoir au milieu de l’adversité

Fuori est l’unique film italien en compétition au Festival de Cannes 2025. Le cinéaste napolitain revient ainsi en compétition trois ans après le drame atavique Nostalgia. Martone ne se contente pas de montrer les difficultés. Il explore aussi les moments de solidarité, de résilience et la capacité des êtres humains à créer des liens et à se réinventer même dans les circonstances les plus adverses. Le film est une célébration de la capacité de l’individu à persévérer et à trouver des étincelles de beauté et d’espoir au milieu de l’adversité. La bande originale, mêlant peut-être des sonorités traditionnelles du pays et des compositions plus contemporaines, contribue à l’atmosphère du film, soulignant la nostalgie, la mélancolie et parfois les moments d’espoir, comme quand le chant des femmes en liberté est repris par celles encore emprisonnées. A noter, la présence de la chanteuse pop Elodie.

Vie privée ©Jérôme Prébois

Entre devoir professionnel et obsession personnelle

Dans Vie Privée, la réalisatrice française Rebecca Zlotowski s’aventure dans l’intrigue psychologique avec un casting cinq étoiles! Ce sixième long métrage s’aventure dans le domaine du mystère psychologique, ancré par les captivantes performances de Jodie Foster et Daniel Auteuil. Rebecca Zlotowski, connue pour ses explorations nuancées des relations et des expériences féminines, marque avec A Private Life une déviation de son art. Le film se concentre sur Lilian Steiner (Jodie Foster), une psychiatre renommée qui se sent profondément perturbée par la mort de l’un de ses patients. Convaincue que la mort n’était pas ce qu’elle semblait être, mais soupçonne un meurtre, elle commence une enquête privée pour découvrir la vérité. À mesure qu’elle s’enfonce davantage, elle dénoue un réseau de secrets, brouillant les frontières entre le devoir professionnel et l’obsession personnelle.

Jodie Foster ©YesICannes.com

Sentiment croissant d’inquiétude

Zlotowski, qui a également coécrit le scénario, crée une narration à la fois intellectuellement attrayante et émotionnellement résonnante. Le film évite les réponses faciles, préférant plutôt une approche de développement lent qui permet à la tension de s’accumuler progressivement. Le rythme, bien que délibéré, n’est jamais lent, grâce aux performances captivantes et à l’œil aiguisé du réalisateur pour les détails. Jodie Foster offre une performance d’une profondeur et d’une subtilité remarquables. Elle dépeint Lilian comme une femme d’intellect et de contenance, mais aussi comme quelqu’un qui lutte avec ses propres vulnérabilités et un sentiment croissant d’inquiétude. La capacité de Foster à transmettre une vie intérieure complexe avec un minimum de dialogue témoigne de son habileté. Daniel Auteuil, pilier du cinéma français, fournit un fort contrepoint, ajoutant des couches d’ambiguïté et d’intrigue aux événements. Une incursion sophistiquée et captivante dans le mystère psychologique avec également Virgine Efira, Mathieu Amalric, Vincent Lacoste.