Festival de Cannes 2025, Jeunes Mères, The Mastermind et 13 Jours 13 Nuits

The Mastermind ©YesICannes.com

Le Festival de Cannes a présenté Jeunes Mères de Jean-Pierre Dardenne & Luc Dardenne, The Mastermind de Kelly Reichardt et 13 Jours 13 Nuits de Martin Bourboulon.

The Mastermind : ce dernier jour de compétition a vu la projection de Jeunes Mères des Frères Dardenne, le neuvième film en compétition des cinéastes « double-palmés », qui invite le spectateur dans les maisons maternelles pour jeunes filles dans la précarité. The Mastermind de Kelly Reichardt met en scène Josh O’Connor qui interprète un menuisier au chômage recyclé dans le vol amateur d’œuvres d’art. Projeté Hors Compétition, 13 Jours 13 Nuits de Martin Bourboulon retrace l’évacuation de l’ambassade de France lors de la prise de pouvoir des talibans en 2021.

Jeunes Mères ©Christine Plenus

Jeunes Mères, les défis de la maternité

On ne présente plus les Frères Jean-Pierre et Luc Dardenne, des figures emblématiques du cinéma européen contemporain, reconnus pour leur approche distinctive, minimaliste et profondément engagée socialement. Leur filmographie est jalonnée de succès critiques, notamment de multiples Palmes d’Or. La reconnaissance persistante des Dardenne lors de festivals prestigieux comme le Festival de Cannes ne signale pas seulement leur qualité artistique, elle atteste de la pertinence durable et de la résonance universelle de leurs récits ancrés dans le réalisme social. Jeunes Mères s’inscrit dans l’œuvre caractéristique des frères cinéastes, offrant un aperçu poignant et sans concession de la jeunesse confrontée à d’immenses responsabilités. Le film se présente comme un portrait profondément émouvant et direct de jeunes femmes affrontant les défis de la maternité et de la précarité. Jessica, Perla, Julie, Ariane et Naïma, cinq adolescentes qui ont l’espoir de parvenir à une vie meilleure pour elles-mêmes et pour leur enfant, sont hébergées dans une maison maternelle qui les aide dans leur vie de jeune mère.

©Christine Plenus

Lutte pour la survie et la dignité

Avec son budget modeste et sa durée concise de 1h25, Jeunes Mères émerge comme une exploration poignante et implacable de la jeune maternité, de la résilience et de la poursuite incessante de la dignité au milieu de la précarité socio-économique. Le film réaffirme la maîtrise des Dardenne à créer des drames humains intimes qui résonnent avec un profond commentaire social, poussant leur style caractéristique vers de nouvelles profondeurs d’empathie et d’observation. Jeunes Mères, leur neuvième film en compétition, est décrit comme un « retour aux sources », rappelant le style brut et immédiat de leurs œuvres antérieures, telles que Rosetta. Cette caractérisation suggère un choix délibéré de revisiter les thèmes et l’esthétique qui ont défini leur succès initial. Ce retour aux sources n’est pas une simple nostalgie, mais une décision artistique stratégique. Jeunes Mères s’aligne parfaitement avec cette signature stylistique, se concentrant sur la lutte d’une jeune femme pour sa survie et sa dignité.

Jeunes Mères ©YesICannes.com

Voix singulière du cinéma indépendant américain

L’œuvre de Kelly Reichardt se distingue comme une voix singulière dans le paysage du cinéma indépendant américain contemporain. Son œuvre est caractérisée par un réalisme d’observation et une profonde empathie pour ses personnages, souvent en marge de la société. River of Grass, Old Joy, Wendy and Lucy, Meek’s Cutoff, Night Moves, Certain Women et First Cow privilégient l’ambiance, l’atmosphère et l’intériorité des personnages plutôt que des récits axés sur l’intrigue. L’adhésion constante de Reichardt à une esthétique et à un cadre thématique spécifiques à travers sa filmographie est une philosophie artistique délibérée. Aux côtés de l’acteur britannique Josh O’Connor, on retrouve Alana Haim, révélation de Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson et Hope Davis, qui a également monté les Marches Rouges cette année pour The Phoenician Scheme de Wes Anderson.

Jeunes Mères ©YesICannes.com

Personnages complexes

Dans l’Amérique des années 1970, The Mastermind se concentre sur la vie de Mooney (Josh O’Connor), un voleur d’œuvres d’art dans le contexte de la guerre du Vietnam. Lassé des chapardages, il tente le gros coup : avec ses deux complices, ils pénètrent en plein jour dans un musée et volent quatre tableaux. Lorsqu’il s’avère plus difficile de conserver les œuvres d’art que de les voler, Mooney est en est réduit à une vie de cavale. Ce film, bien que plus narratif que certaines de ses précédentes œuvres, conserve la marque de fabrique de Reichardt : une attention minutieuse aux détails, des personnages complexes et une approche contemplative de la vie quotidienne. Reichardt utilise des plans larges et des paysages naturels pour créer une atmosphère à la fois paisible et mélancolique. Les couleurs sont naturelles, et la lumière est utilisée avec une grande finesse pour refléter les émotions des personnages. Les acteurs sont remarquables, en particulier Josh O’Connor qui incarne avec une authenticité touchante la vulnérabilité et la détermination de son personnage. Les dialogues, souvent rares mais percutants, résonnent avec une profondeur qui invite à la réflexion.

13 Jours 13 Nuits © Jérôme Prébois

L’enfer de Kaboul

Après avoir porté à l’écran Les Trois Mousquetaires en deux volets, Martin Bourboulon s’inspire des exploits d’un officier en charge de l’évacuation de l’ambassade de France à Kaboul en août 2021, alors que les troupes américaines quittent le pays, laissant le pouvoir aux talibans. Au milieu du chaos, le commandant Mohamed Bida (Roschdy Zem) et ses hommes assurent la sécurité de l’ambassade de France, encore ouverte. Pris au piège, le commandant Bida décide de négocier avec les Talibans pour organiser un convoi de la dernière chance avec l’aide d’Eva (Lyna Khoudri), une jeune humanitaire franco-afghane. Commence alors une course contre la montre pour conduire les évacués jusqu’à l’aéroport et fuir l’enfer de Kaboul avant qu’il ne soit trop tard.