Édouard Philippe: Humilité et Confiance au MIPIM 2022

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Édouard Philippe & Méka Brunel ©YesICannes.com

Édouard Philippe, ex-Premier ministre et actuel Maire du Havre, est venu le 16 mars au MIPIM 2022 partager sa vision de la ville de demain.

MIPIM: Édouard Philippe était l’une des personnalités vedettes du salon international de l’immobilier qui s’est déroulé au Palais des Festivals et des Congrès, du 15 au 18 mars à Cannes. L’ancien premier ministre a trouvé « formidable » (éclats de rires du public) de succéder à François Hollande venu la veille pour prononcer le discours inaugural de la 32ème édition du MIPIM. Après son allocution mettant en scène la ville du 21éme siècle, l’élu s’est prêté à un questions/réponses animé par Méka Brunel qui achève prochainement son mandat de Directrice Générale de Gécina.

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Une brûlante déclaration d’amour

Édouard Philippe a été invité à parler de villes, de citoyens et de ce que sont les villes aujourd’hui et de ce qu’elles pourraient être demain. N’étant pas un théoricien de la ville, le Maire du Havre a revendiqué la double caractéristique d’être un amoureux des villes et un praticien de la ville.

Édouard Philippe ©YesICannes.com

Un praticien de la ville

Contrairement à ceux qui aiment la campagne, la montagne, la mer…, Édouard Philippe est un amoureux des grandes villes, denses et vivantes. Il est également un praticien par le fait qu’il soit maire depuis plus d’une décennie. Il considère qu’être le premier magistrat de la ville c’est veiller au bien-être de ses citoyens, construire un environnement durable, contribuer au bon développement de sa collectivité et avoir une stratégie à long terme pour la commune. D’ailleurs, pour Édouard Philippe, guidé par son expérience d’élu, être maire est le plus beau des mandats que l’on puisse exercer en matière politique.

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Humilité et confiance

Aborder le sujet de la ville de demain implique d’abord, du point de vue de l’ancien Premier ministre, humilité et confiance. Beaucoup de réflexions tournent autour de la ville du futur, sur ce qu’elle devrait être, sur ce qu’elle sera, avec parfois des formulations définitives, sur les défis principaux que nous pouvons relever et sur les directions évidentes qu’il faut prendre. « Faire évoluer une ville, déterminer ce qu’elle sera demain me parait délicat. L’idée même que les villes changent me paraît contestable. Au fond une ville, c’est depuis toujours un lieu physique de concentration de populations, d’échanges intellectuels, d’humains et d’opportunités. »

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Zola: le Ventre de Paris

« Vous trouverez dans toutes la littérature et dans toute l’histoire la traduction de cette identité fondamentale de ce qu’est l’urbanité. Le dernier exemple je l’ai trouvé dans mes lectures et notamment dans le livre de Zola « Le Ventre de Paris« . Dans ce livre on voit quelqu’un qui part du bagne de Cayenne arrive sans rien et trouve aux Halles, le cœur battant de la ville, de quoi boire, manger et rebondir. Il y a quelque chose de très symbolique là-dedans. Depuis très longtemps, nous étudions et trouvons toujours et fondamentalement une ville comme lieu de concentration ».

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Tolstoï: Guerre et Paix

Imaginer la ville de demain, c’est forcément un pari sur le devenir. « Dans ce domaine nous devrions également faire preuve d’humilité dans la définition et même dans le marketing de ce que devrait être la ville du futur. Comment doit être la construction tout en répondant aux attentes des concitoyens? Le problème c’est que le futur est incertain, imprévisible et le praticien de la ville doit avoir les idées claires sur ce qu’il veut réaliser ». Dans un autre livre de Tolstoï, « Guerre et Paix », Édouard Philippe fait le parallèle avec Le Havre, une ville complètement détruite pendant la seconde guerre mondiale et qui a su malgré tout se relever.

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Une fourmilière forte et indestructible

Tolstoï, extrait de Guerre et Paix, cité par Édouard Philippe lors de la conférence: « En regardant les fourmis dispersées autour de la fourmilière ruinée, malgré la destruction complète de la fourmilière, par l’énergie, par le nombre incalculable des insectes, par l’observation, on voit que tout est ruiné, sauf quelque chose d’indestructible, d’immatériel qui fait toute la force de la fourmilière ; de même Moscou, en octobre, bien qu’il n’y eût ni autorités, ni églises, ni richesses, ni maisons, était la même ville qu’au mois d’août. Tout était détruit, sauf ce quelque chose d’immatériel mais de puissant et d’indestructible. »

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Attachement puissant et immatériel aux villes

L’écrivain russe décrit formidablement bien ce qu’est une cité et de ce que veulent en faire ses habitants. Les plans font-ils les villes ou alors cet attachement puissant immatériel, indestructible qui poussent les gens habitants à la reconstruire ou à la redéfinir. « Aujourd’hui, parce que nous vivons un moment troublé, les pages de Tolstoï prennent une signification particulière. Elle doivent inviter à l’humilité celui qui pense qu’il est le praticien de la ville, qui construit sa ville mais une ville c’est comme une statue dans un bloc de marbre, quelques soient les plans, les idées que l’on puissent ce faire sur ce qu’elle doit être. »

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Démographie galopante

Face à l’accélération inouïe de l’urbanisation du monde, faut-il en avoir peur ? Est-ce dangereux ? Pour Édouard Philippe, il faut aborder le sujet de la ville avec confiance. La ville se révèle souvent la meilleure échelle d’actions et une bonne échelle pour la démocratie. En 1931 en France, 50% des gens vivaient dans des espaces urbains. Aujourd’hui nous somme aux alentours de 90%. Cette évolution a suscité des transformations considérable de notre société. Ce phénomène est comparable à l’Europe Occidentale. C’est ce que vit la Chine depuis 30 ans à un rythme infiniment supérieur à ce que nous avons connu, avec bien évidemment des déstabilisations sociales, humaines et politique.

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Aborder le sujet de la ville avec confiance

« La démographie galopante et la surpopulation des villes est un danger pour la planète, pour son alimentation pour son équilibre et pour ses ressources naturelles. Ce qui crée un questionnement et une inquiétude chez chacun d’entre nous. Mais je reste confiant, car les villes sont souvent de bonnes échelles pour trouver des solutions aux problèmes qu’il faut résoudre. Les villes sont souvent des ensembles humains qui ont la capacité de répondre aux questions compliquées. Pour traiter les transitions énergétiques et la lutte contre le changement climatique, par exemple, on dit souvent qu’il est difficile de réformer la France, mais ce que je sais, c’est que dans nos systèmes publics extrêmement contraints, les transformations des villes françaises sont un motif d’espoir. »

Je suis un vieux schnock attaché à la démocratie représentative

« Les consultations de citoyens tirés au hasard, ce n’est pas trop mon truc, pour être franc avec vous » a déclaré Édouard Philippe lors d’un échange avec des professionnels de l’immobilier au salon Mipim, à Cannes. Je suis un peu vieux schnock et attaché à la démocratie représentative « . Le fondateur d’Horizons ne nie pas le mérite des consultations, mais plutôt à l’échelle locale: « C’est infiniment plus simple d’associer les citoyens à la définition d’un quartier que d’une politique publique nationale ».

Édouard Philippe sur le stand de la Métropole

Le matin même, Édouard Philippe était venu sur le stand de la Métropole Nice Côte d’Azur pour assister à la conférence de son ami Christian Estrosi. Il en a profité pour louer “ce qui se fait à Nice”, argumentant qu’en tant que maire du Havre, sa ville “avait beaucoup à gagner” à regarder vers la capitale azuréenne. “Je suis admiratif du rythme des réalisations”, a-t-il ajouté.

Membres du nouveau parti Horizons

Les deux élus, membres du nouveau parti Horizons, ont ensuite déambulé dans les allées du MIPIM, rendant visite aux stands du Grand Paris, des métropoles lilloise et toulousaine, en faisant un petit arrêt à Barcelone. L’ancien Premier ministre a pu mesurer sa cote de popularité, attirant regards, flashes et demandes de selfies. Un nouveau moment de complicité entre les deux hommes, soutiens affichés du président-candidat Emmanuel Macron, qui se retrouveront la semaine prochaine, à Nice, pour le premier meeting de campagne du chef de l’État dans sa course à la réélection.

Faut-il réformer la France ?

Interrogé par un congressiste suisse sur le bienfait du système de votations helvétiques, Édouard Philippe a répondu en ces termes: « Rousseau avait créé des systèmes de démocratie directe qu’il pensait supérieurs aux systèmes de démocratie représentative, mais il les avait imaginés pour des démocraties de petite taille: la Suisse comme la Corse. Je ne dis pas cela péjorativement pour la Suisse, mais un pays de 70 millions d’habitants avec le feu nucléaire, ce n’est pas la Suisse ». Quant à réformer la France, le maire du Havre a reconnu en souriant qu’il avait « deux ou trois idées en la matière ».