La compétition du Festival de Cannes 2024 se poursuit sur la Croisette avec deux superbes films : Bird de Andrea Arnold et Megalopolis de Francis Ford Coppola.
Festival de Cannes 2024 : la compétition pour la Palme d’or a vu la projection de Bird de la réalisatrice britannique Andrea Arnold et le très attendu Megalopolis de Francis Ford Coppola, qui, selon le réalisateur américain est le projet le plus ambitieux de sa carrière, au scénario « réécrit jusqu’à 300 fois en 40 ans ». Il a obtenu la Palme d’or en 1974 avec Conversation Secrète. Puis vint le mythique Apocalypse Now, dont la copie, inlassablement retravaillée jusqu’à la dernière minute, fut un chef d’œuvre qui lui valu une seconde Palme d’or en 1979.
Andrea Arnold, Carrosse d’or
Triplement récompensée du Prix du Jury à Cannes en 2006 (Red Road), 2008 (Fish Tank) et 2016 (American Honey), la réalisatrice britannique Andrea Arnold revient sur La Croisette en lice pour la Palme d’or avec avec Bird, un film qui renoue avec les aspirations réalistes à dimension sociale de son cinéma. Deux ans après Cow (2022), son interlude documentaire donnant à voir le quotidien d’une vache laitière, son cinquième long métrage de fiction raconte l’histoire de Bailey (Nykiya Adams), une adolescente de douze ans vivant avec son père Bug (Barry Keoghan) et son frère Hunter (Jason Buda) dans un squat au nord du Kent. Son quotidien morose bascule lorsqu’elle fait la connaissance de Bird, un jeune homme interprété par Franz Rogowski. Andrea Arnold s’est vue décerner le Carrosse d’or pour l’ensemble de sa carrière à la Quinzaine des Cinéastes.
Megalopolis, avenir de l’humanité
Francis Ford Coppola, un des cinéastes les plus talentueux du 20e siècle, revient en Compétition sur la Croisette pour la première fois depuis les chefs d’œuvre Conversation Secrète et Apocalypse Now, Palmes d’or en 1974 et 1979. Avec un film-somme extrêmement riche, selon lui le « meilleur travail » de près de six décennies de carrière. Avec la presque-certitude pour le public d’assister à un film qui fera date. Et pourtant, malgré les sept minutes d’ovation lors de la projection officielle, les plus de 100 millions de dollars autofinancé en hypothéquant ses vignobles, son « péplum » futuriste aux allures de fable, dessinant la fresque d’un New Rome sur le déclin, peut-être métaphore d’une Amérique malade, laisse dubitatif, sauf le respect dû à cet immense auteur…
Empires au bord du précipice
Le parallèle est dressé entre l’Amérique contemporaine et la Rome Antique, deux empires au bord du précipice avec ses riches insolemment « décadents », ses pauvres démunis et en colère car on détruit leurs maisons pour construire la ville du futur : Megalopolis. Le projet, à base de « Megalon », un matériau aux propriétés miraculeuses, promesse d’avenir radieux au service du bonheur de l’Homme, vient d’un architecte idéaliste aux idées égalitaires, César Catilina (Adam Driver), détesté par le maire Franklyn Cicero (Giancarlo Esposito) fan du béton. Pourtant la fille du maire Julia (Nathalie Emmanuel) tombe amoureuse de César. Un puissant banquier, Hamilton Crasus (Jon Voight), oncle de l’architecte, le soutient mais la belle arriviste Wow Platinum (Aubrey Plaza), motivée par l’appât du gain et maîtresse déçue de César, cherche à lui nuire, ainsi que Clodio Pulcher (Shia Labeouf), le cousin jaloux.
Conte philosophique utopique
Le réalisateur de 85 ans a porté en tête son film pendant 40 ans et son propos est riche, peut-être trop, hélas desservi par un récit parfois brumeux, portant à l’ennui, une mise en scène parfois pompeuse, des effets spéciaux vieillots (à l’heure de l’IA !…) et la fable tourne au conte philosophique utopique, avec comme fil rouge le temps qui passe – que l’architecte, comme les artistes, a le pouvoir d’arrêter. Le film d’ailleurs s’arrête en cours de projection, et devant les spectateurs éberlués, un homme surgit des coulisses, micro en main pour poser « live » une question à César sur l’écran, qui lui répond. Selon la volonté de Coppola, cet effet théâtral devra être appliqué dans toutes les séances du film à travers le monde. Visionnaire ou mégalo, l’idée inédite ?…
La Montée des Marches de Megalopolis
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