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La compétition du Festival de Cannes 2025 se poursuit sur la Croisette avec deux superbes films : Dossier 137 de Dominik Moll et Sirât d’Oliver Laxe.

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Dossier 137 : la compétition pour la Palme d’or est maintenant bien lancée. Deux ans après le succès de La Nuit du 12, couronné de six César, le cinéaste franco-allemand Dominik Moll revient en compétition officielle avec un polar, Dossier 137, qui s’attaque au sujet brulant des violences policières suite. Le film est une fiction tirée de faits réels suite à la brutale répression des manifestation des Gilets Jaunes demandée par Macron, lequel s’est fait réprimander ensuite par l’ONU pour ces brutalités, notamment l’usage intensif du LBD. Sirât (Le Chemin) du cinéaste espagnol Oliver Laxe nous entraîne vers une dernière rave party dans le désert du Maroc ; une invitation à un voyage intérieur, une méditation sur la foi et la tradition dans des paysages à la beauté austère.

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Dossier 137 : l’art subtil du suspense psychologique
Dossier 137 marque le retour attendu de Dominik Moll, maître du thriller psychologique à l’atmosphère trouble. Harry, un Ami qui vous veut du bien, l’a révélé en 2000. Avec ce nouveau film, le réalisateur franco-allemand nous plonge au cœur d’une enquête complexe et ambiguë, où la vérité se dérobe constamment et où les apparences sont plus que jamais trompeuses. Le film s’ouvre sur la découverte d’un dossier énigmatique, le fameux « Dossier 137 », qui contient des informations fragmentaires mais potentiellement explosives sur un jeune homme blessé par un tir tendu de LBD lors d’une manifestation de Gilets Jaunes. Chargée de faire la lumière sur ce dossier et d’éclaircir les circonstances pour établir une responsabilité, Stéphanie (Léa Drucker), enquêtrice à l’IGPN, la police des polices, se retrouve prise dans un engrenage de mensonges, de manipulations et de révélations inattendues. La vérité se dérobe, les apparences sont plus que jamais trompeuses et la police se retranche dans son impunité.

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Tension palpable jusqu’à la dernière image
Dossier 137 est un thriller psychologique subtil et captivant, qui confirme le talent du réalisateur pour créer des atmosphères angoissantes et des récits complexes. Les personnages sont ambigus, leurs motivations obscures, et chacun semble cacher une part de vérité. Cette ambiguïté est l’une des grandes forces du film, maintenant une tension palpable jusqu’à la dernière image. Léa Drucker incarne avec une intensité contenue le trouble et la détermination de son personnage. Souvent fermé et scrutateur, son visage traduit la complexité de l’enquête et le poids des secrets qu’elle découvre. Les talentueux Yoann Blanc et Guslagie Malanda contribuent à créer une galerie de personnages fascinants et ambivalents. Si Dossier 137 par son intelligence et son atmosphère ; l’accent est mis sur la psychologie des personnages et la progression graduelle de l’enquête qui prennent le pas sur l’action pure. Cette approche est cohérente avec le style de Moll et permet une immersion plus profonde dans les méandres de l’esprit humain. Après avoir vu ce film, si on veut retrouver le sourire, il reste les vidéos de chats partagées sur Internet…

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Sirât : une quête spirituelle ardue et envoûtante
Le prophète Mohamed a parlé du pont Sirât comme étant plus fin qu’un cheveu et plus tranchant qu’une épée ; chacun doit traverser cet obstacle ultime, suspendu au-dessus de l’enfer, pour atteindre le paradis ou l’enfer. Présenté en compétition officielle au 78ème Festival de Cannes, Sirât (Le Chemin), quatrième film du cinéaste franco-espagnol Oliver Laxe, nous embarque dans un road-movie initiatique, austère et hypnotique à travers les paysages désertiques et les communautés isolées du Maroc. Fidèle à son style contemplatif et sensoriel, Laxe signe une œuvre exigeante mais profondément immersive, interrogeant la foi, la tradition et la quête spirituelle avec une approche radicale. Le film suit un père (Sergi López) et son fils arrivent à une rave perdue au cœur des montagnes du sud du Maroc. Ils cherchent Marina – fille et sœur – disparue depuis plusieurs mois lors de l’une de ces fêtes sans fin. Animé par un désir de purification ou de connexion spirituelle, il entreprend un voyage à travers des territoires souvent hostiles, rencontrant des figures emblématiques de la foi et de la tradition, se confrontant à la rudesse de la nature et aux épreuves de son propre cheminement intérieur.

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Un chemin à emprunter
Ce qui frappe dans Sirât, c’est la puissance de sa mise en scène. Laxe filme les paysages désertiques avec une beauté brute et hypnotique. Les plans sont souvent longs, laissant le temps au spectateur de s’imprégner de l’immensité des espaces, de la texture des roches, de la lumière crue du soleil. La caméra se fait souvent contemplative, observant les rituels ancestraux, les prières murmurées, les gestes lents et précis des communautés rencontrées. Le rythme du film est délibérément lent, épousant la cadence du voyage spirituel entrepris par le protagoniste. Cette lenteur est essentielle pour créer une immersion totale dans cet univers où le temps semble suspendu, où la patience et la persévérance sont des vertus cardinales. Le silence joue un rôle prépondérant, laissant place aux sons de la nature, aux incantations et aux rares paroles chargées de sens. Toutefois, le manque de narration conventionnelle de Sirât et le caractère elliptique du récit exigent du spectateur une volonté de se laisser porter par l’expérience sensorielle et de déchiffrer autant les symboles que les silences. Avec Bruno Núñez, Jade Oukid, Tonin Janvier, Stefania Gadda, Joshua Liam Herderson, Richard Bellamy.

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La Montée des Marches de Dossier 137
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