Monster de Kore-Eda Hirokazu inaugure la course à la Palme d’Or du Festival de Cannes suivi de Le Retour de Catherine Corsini.
Festival de Cannes 2023: ouvert hier en spectacle grandiose historique avec Jeanne Du Barry de Maïwenn, la 76ème édition a vu la compétition officielle s’ouvrir sur Monster de Kore-Eda Hirokazu et Le Retour de Catherine Corsini. Hors-compétition, Wim Wenders de retour à Cannes a présenté Hors-compétition et en séance spéciale Anselm, un documentaire sur l’artiste Anselm Kiefer.
Le retour de Catherine Corsini à Cannes
Catherine Corsini a déjà monté les Marches du Festival de Cannes en 2021, à l’occasion de la projection de son film La Fracture. Tourné en Corse en septembre et novembre dernier, Le Retour, douzième long-métrage de la réalisatrice d’origine corse, met en scène l’histoire d’une femme de 40 ans qui retourne sur l’Île de Beauté le temps d’un été en compagnie de ses deux filles adolescentes, Jessica et Farah, qu’elles ont quittée quinze ans plus tôt dans des circonstances tragiques. Les deux jeunes filles vont y vivre leurs premières expériences amoureuses. Le film, dont la sélection à Cannes était un moment suspendue, est entouré d’une aura sulfureuse, du fait d’une scène sensuelle impliquant une mineure.
Anselm de Wim Wenders
Wim Wenders cumule les honneurs à Cannes: Palme d’Or pour Paris, Texas, Grand prix du jury pour Si loin, si proche !, Prix de la mise en scène pour Les Ailes du désir, Prix de la critique internationale pour Au fil du temps… Enfin, il a été Président du jury en 1989. Cette année, le prolifique réalisateur présente un long métrage en Compétition, Perfect Days, et un documentaire en Séance Spéciale: Anselm, dédié à l’œuvre de l’artiste plasticien contemporain allemand Anselm Kiefer.
Hirokazu Kore-eda, habitué de la Croisette
Habitué de la Croisette, avec huit films sélectionnés, dont six en compétition, Hirokazu Kore-Eda mettait en scène en 2018 dans Manbiki kazoku un clan de sympathiques voleurs, un peu en marge de la société, qui recueille une fillette maltraitée par ses parents. Une Affaire de Famille qui lui valu de décrocher la Palme d’or. Avant cela, il a reçu le Prix du Jury en 2013 pour Tel père, tel fils. Le réalisateur japonais revient pour la 7ème fois en Compétition avec Kaibutsu (Monster), son seizième long-métrage, un thriller explorant les liens entre une mère, son jeune fils et le professeur de ce dernier. Son dernier film, Les Bonnes Étoiles, présenté en Compétition l’année dernière, avait été réalisé intégralement en Corée du Sud alors que Monster signe son retour au pays du Soleil Levant.
Qui est vraiment le monstre?
Dans Monster, Hirokazu Kore-Eda continue d’explorer la thématique familiale, son sujet de prédilection en résonance avec l’enfance, maltraitée à l’école ou à la maison. Le film présente en trois parties trois facettes d’une même histoire – on le comprendra plus tard – d’attirance entre deux élèves de la même classe. Minato, élevé par sa mère veuve est un élève de CM2 au comportement perturbé, voire dérangeant, peut-être victime de harcèlement par son professeur. Un autre écolier, Hoshikawa, est le souffre-douleur de sa classe, et Minato est même accusé de le harceler. Alors, Minato est-il victime ou rebelle? Sa conduite bizarre laisse planer le doute. Assez complexe à suivre, la narration des scènes vécues différemment à travers les yeux de la mère, du professeur et de l’enfant, laissent entrevoir peu à peu la vérité sur les responsabilités et culpabilité des différents protagonistes du film.
Souffrance dans le vent des instruments
Hirokazu Kore-Eda filme avec pudeur et délicatesse cette relation fusionnelle entre les deux enfants qui deviennent inséparables et créent un refuge à leur amitié dans un wagon d’une ligne désaffectée, caché au sein de la nature des environs. La belle musique du compositeur Ryuichi Sakamoto souligne avec émotion cette histoire entre réalité et mensonges, notamment quand la directrice de l’école invite Minato : « Ce que tu ne peux pas dire, souffle-le ! » Leur souffrance se perd alors dans les plaintes poignantes d’instruments à vent. Mort en mars dernier Ryuichi Sakamoto signe ici sa dernière musique de film.
La Montée des Marches de Monster en images
Cliquer pour agrandir – ©YesICannes.com – Tous droits réservés
Recent Comments