La compétition du Festival de Cannes s’approche de la fin avec Il Sol Dell’Avvenire (Vers un Avenir Radieux) de Nanni Moretti et La Passion de Dodin Bouffant (The Pot-au-feu) de Tran Anh Hung.
Festival de Cannes 2023 : la compétition touchant à sa fin présente aujourd’hui Il Sol Dell’Avvenire, le dixième film en Compétition de Nanni Moretti dans lequel il est derrière et devant la caméra pour une comédie douce-amère. Avec La Passion de Dodin Bouffant, Tran Anh Hung signe un somptueux hommage à la gastronomie française, aux majestueuses images culinaires, mais avec une vraie histoire, du suspens et de la passion amoureuse aussi, car la passion des choses de la table ne saurait se passer des choses de l’amour.
Il Sol Dell’Avvenire, un présent doux-amer
Depuis Ecce Bombo en 1978, son premier film en Sélection officielle derrière la caméra, La Chambre du Fils (Palme d’or en 2001), Tre Piani (2021), Nanni Moretti aime à parcourir les états d’âme de ses contemporains. Dans son son dixième film en Compétition, il incarne Giovanni, un cinéaste prolifique artiste réputé touché par une prise de conscience qui tourne son prochain film, écrit le suivant, et pense au troisième. Mais les éléments, tant professionnels que personnels, semblent s’être donné le mot pour le mettre en difficulté : entre son couple en crise, son producteur français au bord de la faillite et sa fille qui le délaisse, tout semble jouer contre lui ! Toujours sur la corde raide, Giovanni va devoir repenser sa manière de faire s’il veut mener tout son petit monde vers un avenir radieux.
La haute gastronomie comprise comme un art
Tran Anh Hung avait déjà abordé la cuisine dans L’Odeur de la papaye verte qui avait remporté à Cannes la Caméra d’or et le Prix de la jeunesse à Un certain regard en 1993. Titré en anglais The Pot-au-feu, La Passion de Dodin Bouffant est une ode aux traditions culinaires françaises et à la haute gastronomie comprise comme un art et un art de vivre. Pour Dodin-Bouffant (Benoît Magimel), fin gourmet et cuisinier expert, érudit en recette de cuisine et citations littéraires pittoresques, la vie s’organise autour des fourneaux de la cuisine et la table de la salle à manger, sanctuaires où quelques apôtres du bien manger et du bien boire viennent communier avec lui en dégustant les savoureux mets « haute cuisine » qu’il a créés, savamment concoctées par Eugénie Chatagne (Juliette Binoche), la déesse tutélaire régnant sur les cuisines du manoir.
Amoureux aux fourneaux comme dans la vie
A la fin du XIXe siècle, à la Belle Époque, où Auguste Escoffier et César Ritz ouvrent l’hôtel Ritz sur la place Vendôme à Paris, Dodin-Bouffant poursuit l’héritage de Antonin Carême, le premier chef cuisinier de l’histoire, dans la cuisine de son manoir dans le Jura. Cuisinier de génie – ses amis le surnomme le Napoléon de la Gastronomie – il élabore des recettes savoureuses depuis vingt ans en collaboration avec Eugénie avec comme credo : les ingrédients doivent garder leurs saveurs propres tout en se fondant dans une harmonie, comme les thèmes d’une symphonie. Ce duo amoureux aux fourneaux l’est aussi dans la vie, et le mariage va enfin consacrer leur union quand Eugénie a des malaises inquiétants. Dodin-Bouffant cuisine alors pour elle.
Chère bonne chère
En adaptant l’ouvrage de Marcel Rouff, La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant, qui le publia en 1924 en le dédiant à son ami Curnonsky, le réalisateur franco-vietnamien signe une œuvre magistralement photographiée dans une lumière chaude, où de beaux produits magnifiés en merveilles culinaires (orchestrées par le chef trois étoiles Pierre Gagnaire) offrent des images d’une sensualité sublimée. Tran Anh Hung célèbre l’acte de cuisiner par une caméra virtuose qui s’attache à capter « la geste » du cuisinier, son œil attentif au moindre détail.
Transmission du savoir et du savoir-faire
Le film évoque aussi ce qui est très important pour les chefs de cuisine : la transmission du savoir et du savoir-faire. Quant au démocratique pot-au-feu « qui a nourri nombre de familles françaises », il deviendra dans les marmites de Dodin-Bouffant, un délice destiné à émerveiller le Prince d’Eurasia, en contrepoint au défilé de plats gourmands habituels du culte de la bonne chère. Allez, à table !
La Montée des Marches de
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