Festival de Cannes: Crimes of the Future, Biologie Mutante

L’équipe du film Decision to Leave ©YesICannes.com

David Cronenberg revient en compétition avec Crimes of the Future, un film de science-fiction qui met en scène la « beauté intérieure » de l’être humain dans un monde de synthèse sans émotion.

Festival de Cannes 2022: Prix spécial du jury au Festival de Cannes 1996 pour Crash, David Cronenberg continue son exploration du corps humain sous un aspect angoissant et monstrueux avec Crimes of the Future. Nous sommes à un tournant décisif de l’histoire de l’humanité, et plusieurs questions se posent : le corps humain peut-il évoluer de manière à résoudre des problèmes que nous avons créés? Déjà consacré par le Grand Prix en 2004 pour Old Boy et du Prix du Jury en 2009 pour Thirst, Ceci est mon sang, Park Chan-wook revient en Compétition six ans après Mademoiselle (2016), avec le très attendu Heojil Kyolshim (Decision to Leave).

Heojil Kyolshim, meurtre et romance

Park Chan-wook revient en Compétition six ans après Mademoiselle (2016), avec le très beau film Heojil Kyolshim (Decision to Leave). Le film met en scène les relations amoureuses entre un inspecteur de la police criminelle qui enquête sur le meurtre d’un homme et la principale suspecte – la femme de la victime. Les deux protagonistes entament des relations où le poids du non-dit compromet l’enquête, qui révèlera bien des surprises.

©Nikos Nikolopoulos

A la recherche de leur l’humanité

David Cronenberg livre cette année une œuvre à l’atmosphère sombre, soulignée d’une musique angoissante, sur un sujet vraiment particulier: le corps humain peut-il évoluer de manière à résoudre des problèmes que nous avons créés? Alors que l’espèce humaine s’adapte à un environnement de synthèse, le corps humain est l’objet de transformations et de mutations nouvelles. Mais la police veille, car des mutations acquises commencent à se transmettre génétiquement. Devenue insensible à la douleur comme aux émotions, l’être humain part à la recherche de son l’humanité.

Léa Seydoux ©Nikos Nikolopoulos

Forme de sexualité déviante

Caprice (Léa Seydoux) et Saul Tenser (Viggo Mortensen) forment couple de célèbre artistes performers qui tirent profit de la propension de Saul à générer constamment de nouveau organes pour créer des spectacles d’avant-garde. Le corps de Saul créé un nouvel organe, que tous deux admirent par endoscopie; Caprice le tatoue avant de le retirer par chirurgie télécommandée du corps de Saul, insensible à la douleur, installé dans d’un « sarcophage », le Sark. La chirurgie prend une résonance sexuelle, une forme de sexualité déviante: la pénétration d’un organe sexuel, l’un dans l’autre, est remplacé par la pénétration jouissive des scalpels dans la chair des deux. Timlin (Kristen Stewart), une enquêtrice du Bureau du Registre National des Organes, suit de près leurs pratiques.

Viggo Mortensen ©Nikos Nikolopoulos

Décor post-apocalyptique

Prévu pour être tourné à Toronto, le film a été tourné finalement à Athènes, où, suite à l’effondrement financier en 2008, beaucoup de bâtiments rouillent, abandonnés, et servent de décor post-apocalyptique. A ce décor, David Cronenberg oppose la recherche de la beauté intérieure des organes humains, dont certains, comme ceux des mangeurs de plastique, est corrompue par la laideur du monde de demain, un monde en décadence aux dégâts environnementaux incroyables. Le film est dérangeant, mais ceux qui resteront malgré la pénible introduction, trouveront beaucoup de matière à réflexion dans ce film au rythme assez lent, où le body art laisse augurer que le corps évolue constamment. Reste à ce que les émotions suivent…