Festival de Cannes: Triangle of Sadness, Lutte des Classes en Vogue

L’équipe du film Les Amandiers ©YesICannes.com

Le réalisateur suédois Ruben Östlund présente Triangle of Sadness, une comédie satirique, brillante et féroce, de la classe fortunée internationale où les rôles des protagonistes s’inversent dans une farce renversante.

Festival de Cannes 2022: Ruben Östlund doit être fou! Mais de cette folie douce qui anime les génies! Après avoir créé l’émoi avec The Square, Palme d’or en 2017, et Force Majeure (Turist), Prix du jury Un certain regard en 2014, le réalisateur suédois présente cette année Triangle of Sadness (Triangle de Tristesse), une comédie satirique très humoristique sur un naufrage des modes de pensée. L’artiste franco-italienne Valeria Bruni Tedeschi s’est illustrée à Cannes autant comme interprète que comme réalisatrice. En Compétition cette année, Les Amandiers, son cinquième long métrage, rend hommage à Patrice Chéreau et à l’école de théâtre qu’il dirigea dès 1982.

Une jeunesse aux Amandiers

Avec les Amandiers, son cinquième long-métrage, Valeria Bruni-Tedeschi évoque sa jeunesse pendant les années 1980 et rend un vibrant hommage aux fondateurs du Théâtre des Amandiers de Nanterre, Pierre Romans et Patrice Chéreau. Le film est interprété par Louis Garrel et de jeunes acteurs prometteurs comme Léna Garrel (sœur de Louis), Suzanne Lindon (fille de Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain) et Zoé Adjani (nièce d’Isabelle) ou encore Nadia Tereszkiewicz. La réalisatrice évoque sa formation théâtrale et son amour de jeunesse.

Triangle of Sadness ©Fredrik-Wenzel ©Plattform

L’égalité dans le couple, berceau de l’amour vrai

La première partie du film présente deux mannequins Carl et Yaya. Yaya (Charlbi Dean) est déjà une mannequin-vedette quand Carl (Harris Dickinson) court les castings. Au cours d’un casting, on demande à Carl de détendre le triangle de la tristesse, qui se situe des sourcils à la racine du nez… Mais Carl ne se détend guère avec sa compagne, et la tension monte autour du règlement d’une note de dîner dans un restaurant de luxe qui tourne à la dispute entre les portes coulissantes d’un ascenseur d’hôtel. Carl veut bannir la notion d’argent au profit de l’égalité dans le couple, berceau de l’amour vrai.

Triangle of Sadness ©Fredrik-Wenzel ©Plattform

Naufrage dans les modes… de pensée

La beauté de Yaya mise en valeur par son talent d’influenceuse lui gagne une une croisière de luxe, et le couple embarque avec des passagers aux fortunes d’origines pour le moins originales. La jeune fille se met en scène dans divers maillots et poses, avant qu’une tempête ruine le dîner du commandant avant que des pirates ne provoque le naufrage du bateau. Une partie des invités se retrouvent échoués sur une île déserte. Sur la plage, les valeurs sont soudainement renversées: seule la Philippine en charge du nettoyage des toilettes sur le yacht sait pêcher et faire du feu.

Triangle of Sadness ©Fredrik-Wenzel ©Plattform

Le public du Festival sorti de son confort

Avec Triangle of Sadness, Ruben Östlund signe une comédie au burlesque soigneusement rythmé, où, au cours de la tempête, même les objets jouent un rôle. Les égos des bourgeois qui se pensent très importants sont peu à peu écorchés, au fur et à mesure que la croisière devient chaotique. Moment épique! Pendant que les toilettes débordent: une joute oratoire tordante inverse les rôles. A coup de citations de Lénine, Marx ou encore Reagan, le capitaine Américain (Woody Harrelson) se fait marxiste alors que le Russe défend le capitalisme. Plus tard, sur l’île, nouveau reversement: la femme de ménage installe un matriarcat avec esclave sexuel à ces hommes qui l’ont dédaignée au cours de sa discrète existence. De quoi renverser les modes de pensée et sortir le public du Festival de Cannes de son confort.