Jusqu’au 8 octobre 2023, le Musée Fragonard à Grasse met les femmes à l’honneur avec les sœurs Lemoine & Chaudet, peintres portraitistes des XVIIIe et XIXe siècles avec l’exposition « Je déclare vivre de mon art ».

Carole Blumenfeld (commissaire de l’exposition) ©YesICannes.com
Musée Fragonard : de la fin du XVIIIe au début du XIXe siècle, une révolution s’est jouée dans le milieu des beaux-arts parisiens, celle de la place des femmes peintres portraitistes. Elles se nommaient Marie-Victoire (1754/1820), Marie-Elisabeth (1761/1811), Marie-Geneviève (1771/1845), Marie-Denise (1774/1821) et leur cousine Jeanne-Elisabeth Chaudet (1767/1832). Toutes ont marqué de leur empreinte l’histoire du portrait au tournant des XVIIIe & XIXe siècles. Si différentes fussent-elles, ces artistes refusaient d’être traitées en éternelles mineures vouées aux seuls arts d’agrément. Pour son exposition estivale, le Musée Jean-Honoré Fragonard, qui abrite la plus grande collection de tableaux d’une femme artiste du XVIIIe siècle, leur contemporaine Marguerite Gérard, invite le public à découvrir une fratrie hors du commun dont le parcours est aussi riche que leurs créations, celle des sœurs Lemoine.

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Une fratrie de femmes artistes
Cette exposition consacrée à cette fratrie de femmes artistes aussi brillantes que mystérieuses est orchestrée par l’historienne Carole Blumenfeld. Pour réunir les 32 tableaux de l’exposition, la commissaire de l’exposition s’est livrée à un véritable jeu de piste pour retrouver et obtenir le prêt de nombreux tableaux conservés tant dans les collections publiques qu’au sein de collections particulières.

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Belle mise en lumière de ces artistes oubliées de l’histoire
Ces noms de peintres ayant exercé entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle ne sont pas les plus cités dans les livres d’histoire de l’art, encore moins les plus connus du grand public. Elles font pourtant partie des nombreuses artistes qui, entre 1750 et 1850, font rayonner le monde de l’art français. Découvrons en leur compagnie ces femmes qui ont manié le pinceau et ont su s’imposer en tant que figures du portrait.

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L’une des plus belles histoire de la peinture française du XVIIIe siècle
L’histoire des sœurs Lemoine et de leur cousine est l’une des plus belles de la peinture française du XVIIIe siècle, aussi mystérieuse et énigmatique soit-elle. Pourtant, leurs œuvres furent longtemps oubliées. Marie-Victoire, Marie-Élisabeth, Marie-Denise et Marie-Geneviève étaient les quatre cousines de Jeanne-Élisabeth Gabiou, épouse en premières noces du sculpteur Antoine-Denis Chaudet, puis du cousin de l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart.

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Un parcours personnel digne d’un conte de Félicité de Genlis
Le parcours personnel de ces filles de maîtres perruquiers parisiens est en effet digne d’un conte de leur amie Félicité de Genlis. Élevée à quelques encablures du Palais Royal (rue Traversière, actuelle rue Molière), elles furent vite rejointes par leurs cousins orphelins Jean-Frédéric, Louis Joseph et Jeanne Élisabeth Gabiou qui avaient vécu jusqu’alors rive gauche, rue du Bac. Soutenue par deux femmes de têtes, la Princesse De Lamballe et la Duchesse d’Orléans, mais aussi par de nombreuses personnalités hautes en couleurs qui les accompagnèrent pendant plusieurs décennies, elles profitèrent de l’engouement de la cour des Orléans qui dépensait sans compter pour soutenir de jeunes artistes prometteurs. Marie-Victoire bâtit un terreau fertile de création au sein de sa propre famille en encourageant Marie-Élisabeth, Marie-Geneviève, Marie-Denise et Jeanne-Élisabeth à suivre la même voie qu’elle. Tout en les aiguillant avec brio, Marie-Victoire se nourrit de leurs expériences et de leurs recherches.

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Quatre sœurs portraitistes
Au-delà des sujets, la grande surprise de l’exposition – qui présente nombre d’œuvres inédites provenant de leurs fonds d’ateliers – réside dans l’enchevêtrement de leurs travaux. En faisant le choix d’exposer les portraits tantôt de l’une, tantôt de l’autre, les quatre sœurs multiplièrent les autoportraits et exprimèrent leur fierté mutuelle tout en savourant le plaisir de former un groupe bien identifiable. Si leur trajectoire quelque peu romanesque offre un éclairage original sur leur époque, l’étude de leurs carrières fait aussi voler en éclats nombre de préjugés sur les femmes artistes de la période révolutionnaire.

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Des œuvres conservées dans les collections nationales
Parmi les œuvres conservées dans les collections nationales, le public découvrira le portrait de la princesse de Lamballe par Marie-Victoire Lemoine, récemment acquis par la Banque de France, la Jeune fille donnant à manger à des poulets par Jeanne-Élisabeth Chaudet du Napoleonmuseum à Arenenberg, qui provient des collections de l’Impératrice et qui est rarement exposé ou Un enfant endormi sous la garde d’un chien courageux exposé par Jeanne-Élisabeth Chaudet au Salon de 1801 et aujourd’hui conservé au musée de Rochefort-sur-Mer.

Un enfant endormi sous la garde d’un chien courageux ©YesICannes.com
Véritable chasse au trésor
Avec l’appui de la restauratrice Isabelle Leegenhoek, Carole Blumenfeld a également percé le mystère de l’Allégorie de la peinture de Marie-Victoire Lemoine, du musée d’Orléans. Cette œuvre a enfin livré sa vrai date : 1777. Le tableau, retrouvé derrière des repeints dans les réserves du musée de Saint-Brieuc où il était caché sous des papier japon depuis 1992 et dont la facture avait été lue de façon erronée, est en fait l’œuvre la plus précoce de l’artiste connue à ce jour.

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Un mystère résolu
Jusqu’à présent, la plupart des auteurs qui avaient consacré quelques lignes aux sœurs Lemoine s’étonnaient que Marie-Geneviève, dont les dates de naissance et de disparition (1771-1845) n’étaient pas connues, ait été la seule des quatre sœurs à ne pas embrasser la carrière de peintre. Parmi les œuvres conservées pendant deux siècles par les descendants de Marie-Élisabeth Lemoine, certaines ne pouvaient être attribuées ni à Marie-Victoire, ni à Marie-Élisabeth, ni à Marie-Denise ou à Jeanne-Élisabeth Chaudet. Elles semblaient être le fait d’une autre main. La découverte d’une inscription ancienne à l’encre noire sur le châssis d’un portrait a résolu ce mystère et fait renaître une nouvelle femme artiste.

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Marie-Élisabeth Lemoine, la sœur cachée
Carole Blumenfeld déclare : « En 2019, lorsque la maison De Baecque fut chargée de la dispersion d’une partie du fond familial des descendants de Marie-Elisabeth Lemoine, j’ai retrouvé sous une épaisse couche de poussière et de vernis jaunie par le temps, la signature de Marie-Elisabeth sur le portrait d’Henry Gabiou avec une charrette de jeux, jouant à faire des bulles, une œuvre que j’avais instinctivement attribuée à sa sœur Marie-Victoire Lemoine en jugeant sur photographie. »

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Quel bonheur de se tromper
« Ce jour-là, j’ai écrit un petit article pour la Gazette Drouot intitulé « Marie-Élisabeth Lemoine, la sœur bien cachée de Marie-Victoire » qui commençait par les phrases suivantes : Quel plaisir d’avoir tort ! Quel bonheur de se tromper lorsque l’on découvre que sa méprise cachait une « nouvelle » femme artiste du XVIIIe siècle, dont l’œuvre avait jusqu’alors été confondue avec celle de sa sœur. Les découvertes dans les fonds d’archives ou la redécouverte de nouvelles œuvres dont l’existence était insoupçonnée sont un des privilèges les plus merveilleux de notre quête pour rendre hommage aux artistes du passé et leur redonner la place qu’ils méritent dans l’histoire de l’art. »

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Carole Blumenfeld, commissaire de l’exposition
Docteur en histoire de l’art, ancienne pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Carole Blumenfeld a publié aux éditions Gourcuff-Gradenigo Une Facétie de Fragonard. Les Révélations d’un dessin retrouvé (2013) ainsi que la monographie consacrée à Marguerite Gérard 1761-1835, fruit de sa thèse de doctorat.

Carole Blumenfeld ©YesICannes.com
« Je déclare vivre de mon art »
Après Parfums d’interdit – L’Audace sous le pinceau de Marguerite Gérard, Louis Léopold Boilly et leurs pairs (2018), Rome/Athènes – Les deux visages de la femme sous la Révolution française (2019) et Jean-Baptiste Mallet – La route du bonheur (2022), « Je déclare vivre de mon art » – Dans l’atelier des sœurs Lemoine & Chaudet est sa quatrième exposition au Musée Jean-Honoré Fragonard dont Carole Blumenfeld dirige les collections.

Carole Blumenfeld ©YesICannes.com
Exposition Je déclare vivre de mon art
Jusqu’au 8 octobre 2023
Musée Jean-Honoré Fragonard
14, rue Jean Ossola
06130 Grasse
Ouvert du lundi au samedi de 10h30 à 13h et de 14h à 18h30

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Entrée libre
www.usines-parfum.fragonard.com/musees/le-musee-du-parfum/

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Mise en lumière du Costume populaire paysan
Au Musée provençal du costume et du bijou, le costume populaire paysan est mis à l’honneur avec Païsan.o Paysan.nes. Cette exposition célèbre les récoltes, les moissons, la nature et la vie rurale en Provence de la fin du XVIIIe au début du XX siècles. Le musée expose les vêtements de travail et accessoires mais aussi les tenues des jours de fêtes. Une étude détaillée des matières et des couleurs employée dans la vêture populaire est également présentée.

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Exposition de pièces usuelles et intemporelles
« Nous avons voulu déconstruire le folklore et exposer des pièces usuelles et intemporelles rarement montrées telles que la chemise en chanvre, avec une scénographie mettant en miroir les silhouettes historiques à des mises en scènes photographiques ou des tableaux de l’École de peinture Provençale du XIXe siècle. » expliquent Eva Lorenzini et Clément Trouche, les commissaires de l’exposition.

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« Païsan.o Paysan.nes »
Jusqu’au 8 octobre 2023
Musée Provençal du Costume et du bijou
2 rue Jean Ossola
06130 Grasse

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Ouvert du lundi au samedi de 10h30 à 13h et de 14h à 18h30.
Entrée libre

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www.usines-parfum.fragonard.com/musees/le-musee-du-costume/
Musée Fragonard: Exposition « Je déclare vivre de mon art »
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