Au 74e Nice Jazz Festival, la programmation du 18 juillet, toujours aussi intense et diversifiée, s’est poursuivie sur la Scène Massena avec les artistes Lou And The Yakuza, Celeste et H.ER. et au Théâtre de Verdure avec Yessai Karapetian, Gerald Clayton Trio et Melody Gardot.
Nice Jazz Festival : appelé à l’origine le Festival du Jazz, le grand événement musical a été organisé à Nice une première fois en 1948, puis tous les ans depuis 1971. Il y a six ans, la Ville de Nice a repris l’organisation du Festival au cœur de la Place Masséna. Cette histoire d’amour qui dure et perdure au fil des années est le résultat d’une histoire sans cesse réinventée depuis 1948. Car c’est à Nice – et non pas en Amérique – que le premier festival de jazz au monde a vu le jour avec le grand Louis Amstrong et le quintette du Hot Club de France.

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Le Nice Jazz Festival
Depuis, le Jazz a évolué au fil du temps en se nourrissant d’une multitude de cultures différentes et éclectiques. Pendant cinq jours, la ville vibre aux sons des grands noms d’envergure nationale et internationale, des légendes du jazz mais aussi des découvertes d’aujourd’hui qui font la renommée du Nice Jazz Festival. Une édition qui, comme son affiche, met à l’honneur toutes les diversités du Jazz. L’an dernier, le Nice Jazz avait été l’un des rares festivals à être maintenu en France – mais seulement sur la scène à Masséna avec une jauge debout. Cette 73e édition revisitée avait réuni 15 groupes et attiré pas moins de 12 479 spectateurs.

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La poétesse Lous And The Yazuka
Pour ce quatrième jour de concert sur la Scène Massena, l’ambiance était toujours à son max et le public toujours aussi nombreux. L’auteure-compositrice-interprète Lous And The Yazuka, de son prénom Marie-Pierra, a passé son enfance entre le Congo, la Belgique et le Rwanda. A Nice, la belle est venue interpréter des morceaux de son répertoire aux sonorités de Rap, de R&b et de pop, portés par des instrus d’une efficacité redoutable. Privilégiant les textes percutants, sensibles et engagés, la jeune artiste a adopté son nom d’artiste à partir de l’anagramme Soul (âme), source de son inspiration musicale, et Yakuza, le nom qu’elle utilise pour décrire son équipe de collaborateurs. En interprétant quelques morceaux de son album Gore sorti en 2019 et produit par El Guincho, cette nouvelle révélation pleine de fraîcheur, a ouvert son univers musical et livré ses sentiments les plus intimes.

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Celeste: Not Your Muse
Toujours dans le temple de la musique, et faisant suite à Lous And The Yazuka, la nouvelle étoile de la soul britannique, la chanteuse et compositrice anglaise Celeste a envahit la scène avec sa pépite musicale Not Your Muse (label Both Sides et Polydor). Un album qui, dès sa sortie, connait un succès phénoménale en se plaçant directement à la première place des meilleures ventes au Royaume Uni et collectionne rapidement de nombreuses récompenses et nominations. Cette collection de chansons somptueuses (Strange, Stop This Flame, A Little Love et Love Is Backtirées, Love Is Back…) est notamment marquées par le classicisme d’une écriture épurée et personnelle. Mais également par des arrangements amples et une voix tout en souplesse, qui n’est pas sans rappeler Amy Winehouse ou Adèle. Son timbre légèrement voilé, sa sérénité et son assurance impressionnante, sont les meilleurs atouts de cette voix féminine découverte au Nice Jazz Festival.

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H.E.R, la perle rare du Nice Jazz Festival
Pour clore ce bouquet musicale, trois lettre de noblesse ont suffit pour enflammer la pelouse de la Scène Massena: H.E.R (Having Everything Revealed). La nouvelle étoile montante et protégée d’Alicia Keys, âgée de seulement 24 ans et déjà auréolé de trois Grammy et un Oscar, a dévoilé sa voix suave et hypnotique devant un public euphorique. Cette multi-instrumentiste, diamant rare du R’n’B, a révélé toute les facette de son talent hors normes avec des tubs comme Hard Place, Focus ou encore Damage.

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Yessaï Karapetian et son jazz futuriste
Du côté du Théâtre de Verdure, le pianiste et flutiste le plus surdoué de sa génération, pionnier d’un next gen français, Yessaï Karapetian a trouvé l’adjectif idoine pour qualifier son jazz: futuriste. A la croisée des musiques traditionnelles qu’il affectionne, du jazz, de la fusion ou encore de l’électro, ce véritable agitateur de culture musicale relève tous les défis avec talent. Ce phénomène qui vient de remporter le prestigieux LetterOne Rising Stars était accompagné à la basse par Marc Karapetian, le frère du leader, à la batterie par Théo Moutou, à la guitare Gabriel Gosse (un génie que l’on retrouve chez Christian Scott, Eddy de Pretto ou encore Katerine) et pour compléter cette formation cosmopolite et iconoclaste imaginée par Karapetian, le saxophoniste Mounir Sefsouf. La prestation live étincelante, magnétiques et puissante de ces cinq musiciens français à l’état d’esprit conquérant, originaires d’Arménie, de Guadeloupe, de la Réunion et d’Algérie, ont marqué du sceau de l’excellence les neuf compositions de l’album qui les accompagnaient.

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Swing déhanché avec Gerald Clayton Trio
Place ensuite à Gerald Clayton. Ce pianiste et compositeur américain, nommé à six reprises aux Grammy Awards, incarne la vitalité renouvelée du jazz. Ce virtuose et improvisateur reconnu qui déploie avec classe et finesse ses sonorités dynamiques, a fait fleurir au Théâtre de Verdure sa vision de l’esthétisme. Après la sortie de Happening : Live at the Village Vanguard, l’artiste est revenu avec Bells On Sand, son deuxième album pour Blue Note Records. Cette œuvre jazzy explore l’impact et l’abstraction du temps à travers onze titres en osmose avec son mentor Charles Lloyd au saxophone, le père John Clayton à la basse, l’ami de longue date Justin Brown à la batterie, et le nouveau collaborateur MARO au chant. Sa musique palpable, tangible et voluptueuse, sa sensibilité mélodique doté d’un charisme imposant, flirta avec une puissante et complexe légèreté. Dans les gradins, l’interactivité et la complexité abordable des arrangements déclencha parmi le public de mélomane un swing déhanché indissociable à la formule.

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Melody Gardot chante Paris
Après la prestation du grand Gerad Clayton, ce fut au tour de la jeune chanteuse, auteure et compositrice américaine Melody Gardot de s’emparer de la scène. Cette artiste incontournable de la scène internationale est venue présenter ses nouvelles compositions en quartet dans le superbe écrin du théâtre de Verdure. Avec sa voix de velours, toute en sensualité et délicatesse et ses interprétations d’une beauté saisissante, Melody Gardot est devenue au fil des années une artiste incontournable de la scène internationale. Cette année, elle revient avec son dernier album intimiste et nostalgique Entre Eux Deux. Sous ses airs de diva à l’élégance certaine, l’artiste américaine tombée amoureuse de la ville lumière, trouble les âmes les plus sereines avec son hymne à l’amour pour la culture française et Paris, sa ville d’adoption. Flirtant sur une soul douce et envoutante comme pour souligner ses mots d’or d’un trait argenté, l’artiste mélange les influences, de Radiohead à Janis Joplin, pour apporter de nouvelles couleurs à ses compositions. Cette grande dame du jazz contemporain est venu à Nice pour célébrer la vie, sa beauté, ses délices, avec des chansons intimistes et délicates. Entre la version de la chanson de Francis Lai et Pierre Barouh, Plus Fort que nous ou A mon avis Paris est fait pour s’embrasser et celle du film Un homme et une femme de Claude Lelouch, Melody Gardo a fait chanter le public azuréen en interprétant de belles histoires cinématographiques.

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Le 74e Nice Jazz Festival Fait son Cinéma Avec Mélody Gardot en images
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