Les Vodous de Catherine De Clippel au Centre de la Photographie de Mougins -

Catherine De Clippel ©YesICannes.com

Photographier les Vodous de Catherine De Clippel au Centre de la Photographie de Mougins nous entraîne dans les profondeurs de l’âme collective africaine et le culte de ses dieux guérisseurs.

Photographier les Vodous : du 5 novembre 2022 au 5 février 2023, la superbe exposition de la photographe et réalisatrice belge Catherine De Clippel peuple le Centre de la Photographie de Mougins de personnes, personnages, sculptures et objets de cultes de la religion vodou. Le vodou (l’inconnaissable en langue fon) est à la fois « entité » (ou puissance), objet (sculpture) et « personne » (possédée). Installé dans un lieu approprié, activé par un prêtre choisi par le « Fa » (la divination), le vodou devient incarnation par la possession d’un « époux » ou « épouse » lors de rituels dansés et chantés. Loin de la pratique de sorcellerie ou de magie noire dont l’occident l’a entaché, ce fascinant culte de dieux d’un panthéon animiste se révèle à nous par la puissance magnétique des photos de Catherine De Clippel et nous imprègne de sa magie et de la force de son mystère.

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Cohabitation avec d’autres religions

Le vodou est un culte originaire de l’ouest de l’Africain, dans l’ancien royaume du Danhomè à l’ouest du delta du Niger (le Bénin actuel). Au sud-ouest du Nigeria actuel, la religion vodou est née de la rencontre des cultures Fon et Yoruba. De nos jours, le vodou compte toujours de nombreux adeptes au Bénin, au Togo et au Nigeria. Cette religion qui cohabite autant avec le christianisme que l’islam, continue d’imprégner la vie quotidienne d’une parte de la population. Des événements culturels comme le Festival International de Porto-Novo en 2019 (festival international des arts et culture Vodoun) ont fait découvrir le panthéon et la hiérarchie des dieux vodou qui règnent sur le Ciel, la Terre ou l’Eau. Les figures principales en sont Mawu-Lisa, la Déesse suprême, Lansan, Hevieso (dieu du tonnerre et du ciel), Sakpata (dieu de la Terre et de la variole – et de la guérison), Mami Watta… Une cosmologie de dieux ou de forces invisibles dont les hommes essaient de se concilier la puissance pour nuire ou la bienveillance pour guérir.

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Faire face aux malheur

À partir du XVIIe siècle, les africains originaires de la région d’Afrique déportés, réduits en esclavage, répandirent le culte vodou aux Caraïbes et en Amérique. Le vodou se retrouve donc sous différentes formes à Cuba, à Haïti (vaudou haïtien), au Brésil ou encore aux États-Unis à la Nouvelle-Orléans.
Les objets liés au culte vodou, par leur esthétique puissante et la matérialité intense qui s’en dégage, exercent sur les Occidentaux une curieuse fascination, entre attraction et répulsion. En écho, une abondante littérature et de nombreux films d’horreur ont popularisé les sortilèges vodou, émaillés de sacrifices sanglants, de transes, de morts-vivants extirpés de la tombe… réduisant cette religion à des rites ancestraux et primitifs, des superstitions sanguinaires et maléfiques. A contrario de ces aprioris, l’expérience photographique de Catherine De Clippel témoigne de l’ensemble des représentations et des valeurs que partagent les peuples, dans une tentative collective de faire face aux malheurs qui les accablent.

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Photographier sous l’autorité des dieux

Photographier les Vodous résume quelque quarante ans de travail de Catherine De Clippel avec des anthropologues pour témoigner de la religion vodou. Travailler avec une équipe d’anthropologues était nécessaire pour se faire accepter des populations en tant que « partie d’une ethnie ». De plus, avant de pouvoir sortir son appareil, la photographe devait demander l’autorisation aux dieux par l’intermédiaire de la divination (le Fa), pratiquée par un prêtre. La première partie de l’exposition, à partir de clichés en argentique, constitue une collection de tirages grand formats (140×100 cm) en noir et blanc sur léger papier Japon suspendus ou accrochés au murs. La force saisissante des photos tient aux ombres et lumières qui dessinent un tableau symbolique hallucinant de la spiritualité et des liens cosmiques qui nourrissent ces « formes molle, vaguement anthropomorphes, noyées dans un magma de matières croûteuses, le tout brillant sous des jets d’huile, de sang, d’alcool et de crachats…(Georges Bataille) ».

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Les Dieux-Objets: Films / Installation

Au deuxième étage du centre de la Photographie de Mougins, le visiteur pourra découvrir une installation originale, Les Dieux-Objets – Togo, 1989, une création vidéographique sur papiers suspendus en polyvision, la projection d’un film réalisé par Jean-Paul Colleyn et Catherine De Clippel. Dans un village de la côte togolaise, le prêtre guérisseur Sewavi vit entouré de ses vodous. Son sanctuaire est peuplé de ces « dieux-objets » qu’il consulte par l’intermédiaire de la divination (le Fa, par manipulation de graines) pour soigner les maux, guérir ou trouver des remèdes grâce à l’intercession des dieux. Les vodous sont très présents dans le quotidien des villageois. D’autres extraits présentent des cérémonies dansées et chantées où le vodou vient posséder un participant. Les visiteurs sont invités à circuler parmi les écrans, la projection se faisant recto-verso.

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Commissaires de l’exposition

Commissariat de l’exposition: François Cheval (Directeur Artistique) et Yasmine Chemali (Directrice du Centre de la Photographie de mougins).

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Autour de la photographie contemporaine

Le Centre de la Photographie de Mougins est une institution consacrée à l’image fixe et en mouvement chargée de promouvoir et d’exposer les multiples tendances de la photographie contemporaine. Ouverte à toutes les formes de la modernité photographique, ce service municipal participe de la politique culturelle et touristique de la ville de Mougins et entend assurer un rayonnement régional et une communication internationale.
Depuis son ouverture le 3 juillet 2021, sa mission est de soutenir la création et les expérimentations des artistes, qu’ils soient français ou étrangers, émergents ou confirmés. Ce soutien se traduit par la production, l’exposition, l’édition, et l’accueil en résidence.

Second volet de l’exposition: Marie Baronnet

Dans ses locaux très graphiques, le Centre de la Photographie de Mougins accueille également une boutique où l’on trouve des livres sur le vodou (ou vaudou) ainsi que le livre « Ce qui nous arrive ici en plein visage: Catherine De Clippel + Marie Baronnet« , paru le 31 octobre 2022, avec comme auteurs François Cheval, Jean-Paul Colleyn et Jérôme esnouf.
L’exposition « Photographier les vodous : Catherine De Clippel » est la première partie d’une recherche en deux temps intitulée « Ce qui nous arrive ici, en plein visage », selon l’expression de Théodore Monod. L’exposition « Amexica : Marie Baronnet« , du 4 Mars au 4 Juin 2023, en constituera la seconde partie et fin.
Amexica témoigne du refus de l’autre symbolisé par la barrière, muraille sinistre connue de tous, qui sépare les États-Unis du Mexique à leur frontières.

Centre de la photographie de Mougins
43, rue de l’Église
06250 Mougins
Tél. +33 (0)4 22 21 52 12

Ouvert du 5 Nov. 2022 au 5 Fév. 2023 de 13 h à 18 h
Fermé les lundis et mardis
Entrée : Adulte 6 € – Étudiant 3 € – Groupe 4 € / pers. Visite commentée 10 € / pers.
Gratuit le 1er dimanche du mois – 18 ans, enseignants, groupes scolaires, demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap, détenteurs de la carte ICOM.
Tour express commenté les mercredis et samedis à 15 h
Visite simple ou visite + atelier pour les scolaires, groupes et associations : Kim Peacock – kpeacock@villedemougins.com