Le Festival de Cannes a présenté The Seed Of The Sacred Fig de Mohammad Rasoulof et La Plus Précieuse des Marchandises de Michel Hazanavicius.
Festival de Cannes 2024 : ce dernier jour de compétition a vu la projection de The Seed Of The Sacred Fig (Les Graines du Figuier Sauvage) du réalisateur iranien Mohammad Rasoulof qui a fui clandestinement son pays, privé de son passeport par le régime théocratique et menacé d’une longue peine de la prison ; il a rejoint l’Europe après un voyage compliqué et dangereux. La Plus Précieuse des Marchandises, le conte sous la forme de film d’animation de Michel Hazanavicius, adapté du livre de Jean-Claude Grumberg, évoque la Shoah.
Contestation du régime totalitaire des mollahs
Mohammad Rasoulof, condamné au fouet et à huit ans de prison par le régime théocratique pour « collusion contre la sécurité nationale » et privé de son passeport, a réussi à fuir l’Iran pour être enfin – lui et son film The Seed Of The Sacred Fig – ovationné sur la Croisette. Il est très difficile pour les cinéastes de contester le régime totalitaire des mollahs de l’intérieur – refusant de fuir le pays – et de continuer à faire des films malgré l’interdiction qui leur est faite de tourner la moindre image !
L’histoire d’une famille de Téhéran
The Seed Of The Sacred Fig raconte l’histoire d’une famille de Téhéran pendant les protestations qui ont suivi le meurtre par la police des mœurs de Mahsa Amini, 22 ans, morte pour un « voile mal mis »… Le film inclut des séquences vidéos publiées sur Internet témoignant de l’insupportable brutalité que subissent les jeunes Iraniennes (surtout elles) et Iraniens.
Contestation dehors et dedans
Pas de budget donc pour le réalisateur d’Un homme intègre (2017), Les Manuscrits ne brûlent pas (2013) et Au Revoir (2011), pour sa plongée dans l’intimité d’une famille de la classe moyenne, vivant dans la capitale. Le père, promu au poste d’enquêteur dans un tribunal révolutionnaire doit signer de nombreuses condamnations à mort, les deux filles font des études, une à l’université, l’autre encore au lycée, et la mère tente de maintenir la cohésion de la famille au logis entre le père religieux et ses jeunes filles qui blâment autant la soumission de leur mère que les violences subies par leurs sœurs dans la rue au cours des manifestations.
La contestation grogne au dehors et au dedans…
La contestation grogne au dehors et au dedans… Voilà que le pistolet du père disparaît et l’équilibre fragile de la famille vole en éclat malgré les efforts désespérés de la mère, pendant que continuent manifestations et répression sanglante, dont est victime une amie de l’aînée!
Du grand cinéma malgré le manque de moyens
Malgré la privation de moyens, Mohammad Rasoulof réussi à faire du grand cinéma, à tenir en haleine le public dans un huis-clos passionnant où jeunesse et soif de liberté affrontent et une tradition islamique pesante et machiste, illustrant le ras-le-bol de la société iranienne face à la dictature et la censure totalitaire des ayatollahs de la moindre idée novatrice – mise à mal par les vidéos virales par la généralisation des portables où s’étale l’horreur de la répression d’un futur plus juste porté par les femmes.
La violence iranienne diffusée sur internet
Les vidéos circulant sur Internet en Iran ressemblent douloureusement à celles diffusées en France sur la répression et les violences policières initiées par Macron lors des manifestations des Gilets Jaunes et des protestations contre sa réforme décriée des retraites. La différence est qu’en Iran on est énucléé à la chevrotine et pas au LBD… Heureusement, les graines du figuier étrangleur de l’oppression sont semées ! Patience…
La Plus Précieuse des Marchandises
Le film de Michel Hazanavicius est le premier film d’animation sélectionné en Compétition Officielle depuis Valse avec Bachir d’Ari Folman (Golden Globe Award du meilleur film étranger et César du meilleur film étranger en 2009). Ce conte sur la Shoah est destiné à stigmatiser les horreurs de l’Holocauste à travers l’histoire d’un couple de pauvres bûcherons polonais vivant au fond d’une forêt polonaise pendant la second Guerre Mondiale qui recueille un « paquet » éjecté d’un des nombreux trains – en route vers Auschwitz – qui sillonnent le paysage enneigé. La pauvre bûcheronne qui se lamentait de ne pas avoir d’enfants découvre alors un bébé, lancé par ses parents en route vers la mort dans les camps de la mort industrialisée, afin qu’il survive. Au pire dans le cœur de l’Homme, succède le meilleur. Un récit aussi fort, implacable et universel, dénonçant l’horreur du génocide, où Michel Hazanavicius livre à travers ses dessins, une œuvre voulue comme un « grand classique ».
Où est passé Israël à Cannes?
Comme à Lille pour le festival Séries Mania, ou à Cannes pour Canneseries, à part Gideon Tadmor et Emilio Shankar qui ont monté les marches – producteurs israéliens du film américain Ho Canada, réalisé par Paul Schrader avec Richard Gere et Uma Thurman – le seul film israélien présenté cette année reste le court-métrage d’Amit Vaknin, étudiante en cinéma à l’Université de Tel-Aviv, It’s no time for pop. Ruban jaune accroché à la veste – symbole en soutien aux quelque 250 personnes prises en otage par le Hamas le 7 octobre – l’acteur Philippe Torreton a foulé mardi 14 mai le Red Carpet du Festival. Laura Blajman-Kadar, rescapée du massacre perpétré le 7 octobre dernier par les terroristes du Hamas en Israël, a gravi les Marches Rouges vêtue d’une robe jaune ornée de photos des otages. Le monde a ainsi pu voir une partie des visages d’otages toujours détenus à Gaza, une action sous l’écharpe #BringThemHome. La Franco-Israélienne en a tiré un livre, récit de son expérience, Croire en la vie (éd. Robert Laffont), publié en mars.
La Montée des Marches de La Plus Précieuse des Marchandises
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