Le World AI Cannes Festival a rassemblé les leaders de la tech pour mettre en lumière les enjeux économiques, humains et sociétaux que soulève cette « intelligence assistée par ordinateurs ».

Inauguration WAICF 2025 Coupure du ruban-bleu-blanc rouge ©YesICannes.com
WAICF 2025 : du 13 au 15 février 2025, Cannes a accueilli la 4e édition du World Artificial Intelligence Cannes Festival (WAICF), le principal événement mondial entièrement consacré à l’intelligence artificielle. L’Intelligence Artificielle (IA) s’est invitée dans la sphère du travail, mais aussi dans les réseaux sociaux, dans les domaines du médical, de la défense… peut-être dans des voitures, dans le guidage assisté. Ses domaines d’application, tous les domaines réalisés avec notre cerveau, sont limités – pour l’instant – par l’imagination humaine et surtout, les ressources dont elle a besoin en matière de data centers pour fonctionner et se développer. La ruée vers l’or de l’intelligence artificielle a-t-elle commencé ?

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David Lisnard, Charles-Ange Ginesy, Clara Chapazz, Jean Leonetti (de gauche à droite) ©YesICannes.com

Inauguration de la Maison de l’IA ©YesICannes.com

Oversonic Robotic avec Marco Landi (EuropIA), Fabio Puglia (Président), Paolo Denti (Fondateur) (de gauche à droite) et Robee M le robot ©YesICannes.com
L’IA, co-pilote ou pilote ?
Avec sa capacité à traiter d’énormes quantités de données et à identifier des modèles plus rapidement que n’importe quel humain, l’Intelligence Artificielle révolutionne la manière dont les entreprises traitent les données et cherchent à affronter les défis du futur. Les IA sont entrées dans nos usages. L’IA est déjà partie intégrante de la stratégie de nombreuses entreprises qui cherchent à l’utiliser de manière créative. L’IA n’est-elle qu’une force bénéfique à sens unique, sans inquiétantes perspectives ou fraudes imparables ? Des cybercriminels peuvent-ils l’utiliser pour générer des logiciels malveillants qui apprennent et évoluent, devenant plus difficiles à détecter à chaque tentative ?

David Lisnard (au micro) ©YesICannes.com

David Gurle ©YesICannes.com
L’intelligence artificielle nous rend-elle meilleurs ?
Meilleur sous-tend des critères et de la valeur morale. Meilleur, cela peut se traduire par plus de créativité, d’efficacité, mais efficacité dans quel objectif ? L’IA démultiplie notre puissance mais si on n’a pas des valeurs morales très fortes derrière, cette puissance peut conduire à des contre-finalités, à des résultats indésirables. Tout dépend de l’action qui guide cette performance, et donc ça renvoie encore davantage de responsabilité, puisqu’on a beaucoup plus de puissance. Pour citer Voltaire (et pas Spider-Man) : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. »

Charles-Ange Ginesy ©YesICannes.com

Clara Chappaz ©YesICannes.com

François Sauvadet ©YesICannes.com
L’intelligence artificielle nous rend-elle plus paresseux ?
Il faut qu’il y ait une intelligence pour créer quelque chose. Or, actuellement, 54% des publications longues présentes sur LinkedIn sont générées par de l’intelligence artificielle. Un jour, ce pourrait être 100%. Sur Facebook, 34% des images sur Facebook sont issues de intelligence artificielle; on estime qu’on va arriver à 50% des images sur Facebook générées par IA d’ici peu. Et lors de l’inauguration de cette quatrième édition, Clara Chapazz, Ministre de l’IA et du Numérique, s’est réjouie que les élèves se mettent à faire leur devoir avec une IA… La chute préoccupante de 40 points du score français en niveau scolaire depuis 2000 (équivalent d’une année scolaire de retard) risque peut-être de s’accentuer. L’IA amène à hi-han ?

Clara Chappaz (au centre) ©YesICannes.com

Charles-Ange Ginesy ©YesICannes.com
L’IA capable d’inventer ?
L’homme n’est plus le seul à pouvoir inventer : l’IA en est désormais capable. Au test de Lawrence – utilisé pour mesurer la créativité – ChatGPT se place dans les 1% les plus créatifs des humains. Qui dit brevet d’invention dit forcément droits à reverser. Comment reverser de l’argent à une intelligence artificielle lorsqu’elle va posséder les droits à un brevet ? L’Afrique du Sud a désigné une IA comme étant à l’origine d’une invention et déjà accordé brevet à une IA. Le droit international se penche donc sur la question et des modèles économiques existent aujourd’hui qui souhaitent que cet argent servent à payer les serveurs, de sorte que les IA continuent à tourner et à se développer dans un espace digital pour lequel il y a besoin de toujours plus d’énergie et de puissance de calcul.

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L’IA, GPS de l’Homme
Avec les données qu’elle peut capter de nous, l’intelligence artificielle va aujourd’hui passer du rôle de simple assistante à conseillère et donner des directions à prendre. Des personnes utilisent déjà ChatGPT en disant : « Je veux prendre 15 jours de vacances dans un pays exotique, avec ce que tu sais de moi, fais moi un parcours sur mesure ! » Et ça fonctionne, c’est même très personnalisé. Alors à quoi bon s’en remettre à sa propre décision quand on pourrait optimiser son bien-être, son bonheur, en s’en remettant à une entité qui nous connaît mieux que nous-mêmes ? L’IA n’a en effet pas d’inconscient et explore tous nos désirs sans frontières… La seule condition c’est de généraliser l’accès aux données et que celles-ci soient suffisamment complètes pour que les recommandations soient efficaces.

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Discovery Pass-Spex – Démonstration de Vincent Simard ©YesICannes.com
L’IA et les limites de nos ressources
Poser entre 10 et 30 questions à ChatGPT consomme l’équivalent d’une petite bouteille d’eau pour refroidir les serveurs qui nécessitent une dépense d’énergie assez importante. Mais si l’eau est un vrai sujet environnemental pour l’intelligence artificielle, l’autre sujet est l’électricité. Comment produire toute cette électricité ? Microsoft a décidé de créer une centrale nucléaire pour pouvoir alimenter ses data centers. L’IA pose ainsi de vraies questions sur les limites de nos ressources humaines pour pouvoir utiliser ces technologies qui sont dans les poches de tout le monde. On peut toutefois s’attendre à une évolution, une moindre consommation grâce à des effets d’optimisation et peut-être que dans 20 ans, grâce en plus à l’effet cumulé de l’IA qui aide à optimiser, ça devienne soutenable d’un point de vue écologique.

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Est-ce vraiment une intelligence ?
L’intelligence artificielle est une discipline scientifique, à l’instar des les maths, autre discipline scientifique. En mathématiques, il y a différents champs : de l’analyse, de la géométrie, de la probabilité. L’intelligence artificielle est un grand domaine scientifique dont le but est de reproduire des comportements ou des actions qu’au préalable, seul le cerveau humain pouvait accomplir. Soit « simuler des actions du cerveau humain dans l’espace non humain qu’est une machine. » Et dans ce champ d’application, il y a de nombreux domaines, tous les domaines réalisés avec notre cerveau.

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Intelligence artificielle générative
Quand on parle de mouvements, en intelligence artificielle, ça devient de la robotique. Quand on regarde, qu’on voit des choses et qu’on les distingue, en IA on appelle ça de la reconnaissance visuelle. Quand je réfléchis à un mot dans ma tête et que je le prononce, en intelligence artificielle, on appelle ça du text-to-speech : de la synthèse vocale. Quand on crée quelque chose qui n’existait pas auparavant, on appelle ça « intelligence artificielle générative ». C’est ce dont on parle le plus aujourd’hui, la raison pour laquelle ChatGPT, de MidJourney et tous les autres logiciels ont beaucoup de succès. C’est la capacité à créer, avec une machine, quelque chose qui n’existait pas auparavant.

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Une technologie vertigineuse
La créativité en fait, c’est la capacité à être créatif et à inventer des choses à partir de rien, ou en tout cas, quelque chose qui n’existait pas auparavant. Et l’IA générative nous permet de faire ça : par exemple, créer à la façon de Victor Hugo un poème qui n’aurait jamais existé et illustrer ce poème avec une image qui n’aurait pas été tirée d’Internet, mais qui aurait été une nouvelle image.
Cette puissance créative a quelque chose de vertigineux! On a le sentiment qu’on va, nous, les êtres humains, être grignotés dans notre être. Quand on dit intelligence, on évoque les facultés de l’homme qui sont les propres de l’homme : raisonner, analyser, apprendre, compter…

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Initier l’action
L’IA peut les refaire non pas en reproduisant fidèlement ce que fait notre cerveau, mais par un autre chemin, par une autre méthode, et obtenir le même résultat. Si nos fonctions, ce que l’on sait faire, peuvent être reproduites, cela pose une énorme question : où est l’homme dans l’homme ? Finalement un certain nombre de tronçons qu’on pensait être les nôtres sont repris… Peut-être que ce qui fait la définition de l’intelligence humaine par rapport à l’IA, c’est le fait que l’Homme est lui capable dans un contexte de comprendre la situation et de poser des buts, savoir ce qu’il y à faire, où est-ce qu’il y a une question à poser, une action à initier, alors que l’IA, on lui donne des ordres. Nous sommes les donneurs d’ordre. La seule différence, c’est de pouvoir initier des choses, alors que l’IA, elle, peut utiliser toutes ses compétences, mais elle ne pourra pas initier l’action.

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Reproduire l’âme humaine…
Et la grande puissance métaphysique qu’on pensait avoir, notre âme, en fait, où est-elle quand elle peut être reproduite par d’autres moyens ? Aux Jeux Olympiques, quand Céline Dion a chanté à la Tour Eiffel, ça a énormément ému parce qu’elle revenait d’une maladie et sa prestation a été parfaite. Il s’est avéré plus tard qu’en réalité elle a été assistée en direct par un logiciel, une IA, qui faisait coïncider paroles et musique. Les réactions étaient : « Et dire que j’ai pleuré », en se sentant floué… Finalement, quand on parle d’art, l’IA peut tout à fait nous émouvoir si on prend les choses à l’aveugle et qu’on ne s’y connaît pas. On peut avoir une émotion très forte générée par une IA, mais finalement le récit qu’on va avoir autour reste déterminant. Savoir que c’est humain, que ça a été fait par une personne, ajoute beaucoup dans notre projection et dans les émotions qu’on peut ressentir.

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Intelligence artificielle et business
L’IA a commencé avec Sam Altman, le fondateur de OpenAI, qui a été en partie racheté par Microsoft. Aujourd’hui les chiffres sont complètement fous. Nvidia qui est le producteur des puces qui animent l’IA a perdu 590 milliards de dollars, (10% de sa valorisation boursière) à cause de l’arrivée sur le marché de DeepSeek – recherche profonde – qui est en train de damer le pion aux IA américaines. En fait, l’intelligence artificielle demande énormément d’argent pour pouvoir fonctionner avec l’utilisation de puces et calculateurs pour faire tourner des machines, beaucoup de machines. L’intelligence artificielle est sur les téléphones, mais il y a une activité très physique à l’endroit où se trouvent les énormes salles de data center. Tout le jeu mondial de l’économie mondiale tourne autour de ça.

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La ruée vers l’or de l’intelligence artificielle
Donc les entreprises qui possèdent cela ont de très fortes valorisations. L’autre question reste : quelles sont les applications possibles une fois qu’on a les pelles et les pioches de la ruée vers l’or de l’intelligence artificielle que sont ces calculateurs et data centers? Le jeu s’opère au niveau mondial entre d’un côté les Etats-Unis avec les trois grands acteurs que sont Microsoft, Amazon et Google. Microsoft fait OpenAI, Amazon fait Anthropic et Google fait ses propres solutions qui s’appellent Gemini. Cloud est une des grandes IA – équivalent de ChatGPT – mais qui est proposée par Amazon.

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Deepeek, nouvel acteur chinois
Du côté chinois, on a des acteurs comme Tencent ou TikTok, qui proposent de grandes solutions. TikTok est une application de réseau social sur laquelle on peut regarder de la vidéo mais qui produit aussi beaucoup de solutions d’intelligence artificielle. Le nouveau né DeepSeek qui a ravagé le marché en l’espace de quelques semaines, a créé une solution qui concurrence toutes les autres.

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Les Européens condamnés à se glisser dans les interstices ?
Un dicton prétend que les Etats-Unis créent, la Chine produit et l’Europe régule. En Europe, moins d’investissement mais beaucoup plus de régulation… Pour qu’une IA fonctionne bien, il faut la nourrir de beaucoup de données; plus on en a, plus on est efficace dans tous les domaines. Ça peut être dans la recherche médicale, dans l’optimisation d’entreprises, etc. Si les données sont protégées, si on ne peut pas les transmettre, le système est sous-optimal. Avec des concurrents, eux, qui ont les données complètement transparentes, comme la Chine, il y a un énorme risque de prendre du retard. La régulation correspond à nos valeurs, mais dans un jeu de compétition, c’est peut-être une balle qu’on se tire dans le pied.

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Les conférences ©YesICannes.com
PoliCloud, conteneur hautement technologique
Toutefois, des solutions émergent : ce n’est pas de faire des grands modèles de langage avec énormément de données, mais de se spécialiser dans des modèles plus petits qu’on appelle des Small Language Models, de plus petits modèles de langage qui permettent de faire des actions beaucoup plus précises et qui sont beaucoup moins consommatrices de données. Une telle solution a été lancée au WAICF 2025 avec PoliCloud, un conteneur hautement technologique abritant un véritable micro data center dédié au stockage et à l’IA proposé par Hivenet.

Les conférences ©YesICannes.com

Les conférences ©YesICannes.com
Le confort de l’IA
En Occident, on est dans une civilisation évoluée, contrairement aux sociétés traditionnelles dans lesquelles le sens du monde est déjà donné, que ce soit par la religion, le métier qu’on va faire, le lieu où on va vivre, qui on va épouser. Aujourd’hui, chacun est autonome, et ça, c’est un idéal. Or, l’autonomie a un poids qui est de souffrir de cette liberté parce qu’être libre, c’est être responsable. Et on voit beaucoup dans notre société aujourd’hui le burn-out, la dépression, l’angoisse : toutes les décisions reposent sur nos épaules. On voit fleurir comme des champignons des coachs; les coachs sont partout pour nous aider et pallier les déficiences de ce pouvoir. Or, l’efficacité, le confort est quelque chose qui attire les êtres vivants. Et voici qu’arrive l’IA avec son infinie possibilité d’apprentissage… L’intelligence assistée par les machines sera-t-elle un sauveur ou un asservisseur ?

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Lauréats de Cannes Neurons Awards ©YesICannes.com
Label officiel du gouvernement français
WAICF est un salon professionnel initié par l’institut EuropIA, la Ville de Cannes et RX, créateur de salons et lieux de rencontre. RX est au service du développement des entreprises, des collectivités et des individus.
Le Festival a reçu le label officiel du gouvernement français dans le cadre du Sommet pour l’action sur l’IA (10 & 11 février 2025, à Paris), et a clôturé la semaine qui a vu converger en France tous les plus importants experts de l’IA de la planète, soulignant ainsi l’empreinte majeure du World AI Cannes Festival dans l’écosystème IA français, européen et international.

Lauréats de Cannes Neurons Awards ©YesICannes.com
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